L'entreprise appelle à des investissements en moyens de production. L'origine du black-out qui a plongé le pays dans le noir est imputée à une erreur de conception par le fournisseur du poste de détente qui alimente les turbines à gaz de la centrale du Hamma. En clair, la responsabilité de la société italienne Ansaldo, qui a réalisé les installations, est engagée. C'est ce qui ressort, entre autres réponses importantes, de la conférence de presse donnée par le Pdg de Sonelgaz, M. Benghanem, sur les conclusions de l'entreprise concernant la panne qui a touché le nord du pays, pendant des heures, le 3 février dernier. D'emblée, le patron de Sonelgaz a confirmé que l'incident n'était pas un acte de sabotage. “Je confirme également que l'origine de la panne, c'est la centrale électrique du Hamma. Il y a eu un dysfonctionnement du poste de détente gaz qui a généré la rupture de l'arrivée de pression gaz qui alimente les deux turbines de la centrale du Hamma. Cette dernière est en période d'essai et de réglage”, ajoutera-t-il. Il a laissé entendre qu'on ne peut pas compter dessus à 100% tant qu'elle n'a pas été réceptionnée totalement. Les réponses du directeur Transport électricité, M. Badach, détaillent l'origine de la défaillance du poste de détente gaz. La panne est survenue le 3 février à 19h04 et 5 secondes. Il y a eu à 19h04 un détachement du raccord de pression qui a entraîné la fermeture de l'opercule. Cette défaillance, au niveau du poste de détente, a conduit à une baisse de pression gaz qui a entraîné le déclenchement de deux groupes, c'est-à-dire leur arrêt et partant, celui de toute la centrale. Il y a eu une perte de production de 350 MW en période de pointe. On fait appel dans cette situation au réseau interconnecté, c'est-à-dire à l'énergie disponible des centrales électriques reliées entre elles, celle de la liaison avec l'Europe via le Maroc et celle avec la Tunisie. Le réseau européen fournit 85 Mw. La convention avec le Maroc fixe à 100 MW le plafond à ne dépasser car elle risque d'entraîner le réseau de ce pays dans la même situation. Comme la demande algérienne était trop forte, il y a eu isolation du réseau européen. Idem pour la Tunisie Il restait le réseau Sud. Comme une partie de l'interconnexion avec le Nord n'était pas achevée, il ne pouvait supporter lui aussi cette forte demande. En résumé, il y a eu une baisse importante de la fréquence qui assure l'équilibre entre la production et la consommation, une perte de l'apport en puissance, le déclenchement en cascade des groupes et donc l'arrêt des centrales. Il fallait isoler les régions : région ouest, région est, région centre puis reprendre progressivement à la faveur des délestages l'alimentation en électricité, région par région. Ce plan qu'on appelle de défense a permis de rétablir la situation, d'abord dans les villes de l'ouest, ensuite Sétif (19h36), Jijel (19h40), Boudouaou 20h12. A 22h05, tout le réseau fonctionnait. Toute la région nord était de nouveau alimentée en électricité. A noter que le sud du pays n'a pas connu, le 3 février, le même problème. Le patron de Sonelgaz a reconnu que le plan de sauvegarde, conçu pour prévenir de tels incidents, n'a pas fonctionné. “Il y a eu un manque de réserve, un fonctionnement à la limite des réseaux et une mauvaise adaptation du plan à certaines situations”, ajoutera-t-il. En fait, la défaillance du poste de détente à l'origine de l'arrêt de la centrale du Hamma n'a été que la goutte qui a fait déborder le vase. “La puissance développée du réseau électrique national suffit à peine à couvrir la charge. Logiquement, dans des réseaux lourds comme le nôtre, on devrait avoir plus de réserves pour parer à toute défaillance”. En d'autres termes, Sonelgaz manque d'énergie en période de forte demande, de pointe, de novembre à février, en raison du désinvestissement en moyens de production au cours des dernières années. Il faut donc des investissements dans la réalisation de centrales électriques. “En plus du projet d'Arzew (300 MW) qui sera achevé en 2004 et celui de Skikda (800 MW) en 2005, nous avons demandé au ministère de l'Energie la réalisation d'une centrale électrique à Hadjret Ennous (Cherchell)”, dira le patron de l'entreprise. Cette dernière est en train d'investir dans les réseaux. En attendant, il rappellera que Sonelgaz continuera à opérer des coupures d'électricité en période de pointe, en hiver, pour ces mêmes raisons, c'est-à-dire jusqu'en 2005 où la centrale de Skikda est appelée, en principe, à prendre le relais. Sur la question de la défaillance du constructeur, il dira que les premières vérifications montrent une erreur de conception par le fournisseur du poste de détente. Mais il faudra une expertise pour la confirmer. “Nous discutons avec le constructeur italien Ansaldo, qui a réalisé cette centrale, pour régler le problème de dysfonctionnement du poste de détente”. Il y a eu donc une remarquable mobilisation de Sonelgaz pour rétablir rapidement la situation. Mais l'incident survenu révèle finalement des défaillances dans le système d'alimentation du pays en électricité en raison de l'absence d'une véritable régulation de l'Etat, en contexte de transition vers un marché électrique ouvert à la concurrence. N. R.