Il était 9h 25, hier, quand Hafnaoui fut ramené dans la salle d'audience du tribunal de Djelfa, l'imposant dispositif sécuritaire qui l'entourait ne l'a pas empêché de saluer chaleureusement les présents, sa famille, ses amis et ses confrères en particulier : “Attendez votre tour !” nous dira-t-il avec un ton ironique, sous le regard du procureur de la République, avant de rentrer en concertation avec ses trois avocats : Me Triki, Me Ahmine et Me Kadouri. Hafnaoui devait être jugé pour trois affaires. Pour la première, Hafnaoui partage l'accusation avec le correspondant du quotidien arabophone Echourouk El-Youmi. “En fait, les deux journalistes sont accusés d'atteinte aux fonctionnaires de la wilaya dans l'exercice de leur fonction”. L'avocat de la partie civile, et comme à son habitude, hausse le ton, et essaye de provoquer Hafnaoui et ses avocats ; une vraie “bagarre” a failli dégénéré, si ce n'était l'intervention du président du tribunal qui a ordonné la suspension de l'audience ; cette pause permet à Hafnaoui d'échanger des salutations avec Bélaïd Abrika venu avec cinq autres délégués, assister au procès. L'audience reprend, Me Triki, tout en qualifiant les plaintes déposées contre Hafnaoui d'”affaire préfabriquée”, s'interrogea “nous assistons à une avalanche de plaintes contre Hafnaoui, c'est incroyables !?” Me Ahmine, pour sa part, est allé plus loin en demandant “si un responsable est passé un jour devant la justice ?!”. Vint après le procès attendu à savoir celui de l'affaire du rapport publié par le quotidien arabophone Djazaïr News dans son édition du 24 mai dernier qui a valu à Hafnaoui un deuxième mandat de dépôt avec 14 plaintes déposées par le wali, son chef de cabinet, son chef de protocole, des directeurs d'exécutif et deux maires. Interrogé sur le rapport en question, Hafnaoui persiste et signe “tout ce que j'ai écrit est basé sur des requêtes de citoyens et des faits rapportés par d'autres confrères”. Au sujet des malversations dans plusieurs secteurs qu'il a cités dans son rapport, Hafnaoui expliquera que “le PV signé conjointement par l'Union générale des entrepreneurs algériens (UGEA) et l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCCA), le 24 mars 2004, prouvent l'existence de ces malversations”, Hafnaoui note, en revanche, que “Bouteflika a accusé à maintes reprises l'administration de corruption”. L'avocat de la partie civile tente de démentir les faits rapportés par Hafnaoui en parlant des différents postes qu'il a occupés… “J'ai travaillé dans plusieurs secteurs, y compris, le secteur sécuritaire, et ce qu'a rapporté Hafnaoui est faux !” Le maire de Selmana, l'un des 14 plaignants, lui aussi a brillé par ses confessions : “Oui M. le président, je ne sais ni lire ni écrire !” dira-t-il, au sujet de sa plainte, “je veux tout ce que possède Hafnaoui même sa chemise en guise de dommages et intérêts”, réclame-t-il. À ce moment-là, Hafnaoui, avec un geste spontané, déboutonne sa chemise et l'offre au fameux maire… l'assistance est stupéfiée par l'arrogance du vieux maire analphabète. La tension monte d'un cran, l'avocat de la partie civile s'en prend à la presse de nouveau. Me Kadouri, plaidant pour Hafnaoui, a jugé les plaidoiries des avocats de la partie civile d'être hors sujet, il estimera que le dossier Hafnaoui doit avoir comme titre : “Le nationalisme qui mène en prison”. Sur les informations rapportées par Hafnaoui jugées diffamatoires, Me Triki est allé plus loin en s'interrogeant sur les déclarations faites par le Chef du gouvernement, M. Ouyahia qui a parlé récemment de fuites des capitaux vers l'étranger estimés à 500 millions de dollars, “pourquoi la justice n'a pas ouvert une enquête sur ça ! ?” s'est exclamé Me Triki. Les plaidoiries ont pris fin vers 14h 30, le représentant du ministère public recquerra 8 mois de prison ferme et 50 000 da contre Hafnaoui. La troisième affaire qui concerne l'entretien accordé par Hafnaoui au quotidien Le Matin le 18 mai dernier et pour laquelle Hafnaoui est accusé d'”outrage à corps constitués et diffamation”, les avocats ont plaidé pour la nullité de la première accusation. 15h 15, le verdict tombe, alors qu'il a été acquitté dans la première affaire Hafnaoui est condamné à 2 mois de prison ferme et 50 000 DA d'amende et plus de 100 millions de centimes de dommages et intérêts aux plaignants, pour l'affaire Djazaïr News, et à 20 000 DA d'amende et 300 000 da de dommages et intérêts au wali pour l'affaire du Matin. Les avocats ont fait appel. L. G.