L'expérience de l'ouverture des permanences parlementaires en Algérie, si elle n'a pas été à même d'absorber les problèmes posés par les citoyens, a néanmoins mis à nu les blocages de l'administration. C'est en somme ce qui ressort de la journée d'étude sur la promotion de la relation député-citoyen, organisée, hier, à l'hôtel El-Aurassi dans le cadre d'un projet de coopération Algérie-Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Les députés, qui ont eu à intervenir à l'occasion des débats ayant succédé aux communications de Djamel Moktefi, directeur du projet et de Jean-Pierre Grafe, député de la Chambre des représentants de Belgique, ont, en effet, dénoncé la multitude des obstacles dressés par l'administration pour le règlement des problèmes des citoyens. Malika Bouhired, députée du Front de libération national (FLN) d'Alger a eu à entamer son intervention en déplorant l'absence de représentants de l'administration : “J'aurais souhaité que l'administration soit présente aujourd'hui car sur l'ensemble des dossiers concernant les problèmes des citoyens que j'ai envoyés, je n'ai presque jamais reçu de réponses de la part de l'administration”, a-t-elle expliqué d'entrée. “Cela me décourage car je veux bien régler les problèmes que posent les citoyens mais quand l'administration ne répond pas, je me demande bien pourquoi ouvrir des permanences électorales”, tempête-t-elle, avant de proposer une rencontre mensuelle des députés avec les walis aux fins de leur exposer les doléances des citoyens. Abondant dans le même sens, Abdelkader Zidouk, député FLN de Aïn Defla a, en outre, souligné l'inexistence de mécanismes bien définis pour le règlement des doléances des citoyens au niveau des permanences parlementaires. Les mêmes reproches ont été adressés à l'administration par les députés du Mouvement de la société pour la paix (MSP) et du Mouvement de la réforme nationale (MRN). Pour Boumechra du MSP, “il est impossible de parler de l'exercice démocratique avec une administration qui refuse de s'adapter aux mutations que connaît le monde”. Ce constat fait, dira le parlementaire de ce parti islamiste, que “le conflit perdure entre les députés, les institutions élues et l'administration”. De l'avis de Belahcène du MRN, il n'existe aucun moyen pour le député pour venir à bout des problème des citoyens : “Nous vivons une réalité qui ne permet pas au député d'exercer ses prérogatives que ce soit au niveau local ou central, ce qui fait que le député n'a aucune possibilité de répondre aux préoccupations de la population”, tranche-t-il. Pour rappel, la mise en place de permanences électorales a été lancée en juillet 2002 dans l'objectif d'un renforcement de la démocratie participative par l'amélioration de la relation député-citoyen. Ce programme a permis l'ouverture de pas moins de quarante permanences parlementaires à travers l'ensemble du territoire national. Jean-Pierre Grafe, député honoraire de la Chambre des représentants de Belgique, qui a eu à exposer son expérience en la matière, a expliqué qu'actuellement le parlementaire devient le tampon ou l'interface entre la population et le gouvernement. Cependant, les blocages, que dresse l'administration devant le règlement des problèmes des citoyens, font que cette tendance mondiale devient pratiquement utopique en Algérie. N. M.