En 2003, l'entreprise a perdu 400 milliards de centimes dans ses ventes de carburants et GPL. Naftal affiche sa santé financière retrouvée depuis sa recapitalisation. Elle a réalisé, l'année dernière, des bénéfices nets de l'ordre de 2 milliards de dinars pour un chiffre d'affaires de 178 milliards de dinars, soit environ 30 millions de dollars pour des entrées de 3 milliards de dollars. Rares sont les entreprises publiques aujourd'hui qui peuvent afficher de tels résultats. Mais comment avec des pertes de 4 milliards de dinars sur les ventes de carburants et GPL qui constituent l'essentiel de ses produits commercialisés, — pertes dues aux prix administrés, — elle parvient à réaliser des profits. “Naftal a compensé ces pertes par les entrées tirées de la commercialisation des bitumes, lubrifiants et les carburants destinés à l'aviation et la marine (kérosène…) dont les prix sont libres. Ces derniers constituent 20% des ventes contre 80% pour les carburants terre et le GPL”, explique M. Remini au cours de la conférence de presse. Il a rappelé que les marges actuelles sur les carburants ne permettent pas à Naftal de rentrer dans ses coûts et de financer son plan d'investissement à moyen terme. “Nous perdons 91 centimes sur chaque litre d'essence, 35 dinars sur chaque bouteille de GPL”, a précisé M. Remini. En ce sens, Naftal a déposé un dossier au ministère de l'Energie. Les pouvoirs publics sont conscients de la nécessité de revaloriser les marges, a ajouté le président de Naftal, sans fournir de plus amples précisions. En fait, ce qui se prépare, nous a confié un responsable au ministère de l'Energie, c'est la révision à court terme de la tarification sans augmenter les prix de l'essence à la pompe. Il y aura diminution des taxes importantes que prélève le Trésor sur la commercialisation des carburants sans toucher au prix de l'essence pour mieux rémunérer Naftal et Naftec. Autrement dit, les marges de Naftal seront revues à la hausse, mais sans relèvement des prix de l'essence à la pompe. Reste l'arbitrage définitif du gouvernement. Le PDG a relevé une situation paradoxale : les produits les plus propres comme le GPL, sont actuellement les plus taxés. En résumé, Naftal craint pour son avenir si ses marges ne sont pas relevées. En effet, le marché assistera à court et moyen terme à une concurrence féroce sur les produits qui ont permis aujourd'hui à Naftal de réaliser des bénéfices : bitumes, lubrifiants et essences aviation-marine. Mais Naftal n'a pas l'intention de baisser les bras. Elle va se battre dans le contexte d'une plus grande ouverture du marché. C'est pourquoi elle tente de se redéployer à l'international en ciblant la Tunisie, le Maroc, et l'Afrique noire. Des discussions sont en cours en matière de partenariat avec les firmes originaires des pays voisins, la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Tchad. Et avec les plus grandes compagnies pétrolières dans le domaine de la distribution des produits pétroliers. Elle a lancé un programme d'investissement à moyen terme de 30 milliards de dinars dont 8 milliards de dinars annuellement, soit plus de 100 millions de dollars annuellement. Cela va de la rénovation des stations-service, des unités de bitume, de sa flotte de transport à la réalisation de pipes. Pour atteindre ses objectifs, Naftal, après avoir avoir assaini dans ses ressources humaines et amélioré son image, mise sur la formation, la communication et la modernisation de sa gestion. Elle vient de se doter d'une comptabilité analytique, de moyens de télécommunication par satellite. Son plan de formation touchera précisément l'ensemble de ses salariés, soit 30 000 agents d'ici à 2009. Reste le plus important, changer les mentalités du personnel, de statut de monopole à une entreprise au service exclusif de sa clientèle. Ce qui n'est pas vérifié aujourd'hui dans tous les cas. N. R.