Reconnu coupable de complicité lors des massacres de Bentalha et de Raïs, d'enlèvement de femmes, de viols et de vols à main armée, Boulemia Fouad a été condamné hier à mort. Le nom de l'homme n'est pas inconnu des Algériens. Fouad Boulemia avait été, en effet, déjà condamné à une peine similaire pour l'assassinat de Hachani dans un précédent procès. Le tribunal criminel d'Alger a, par ailleurs, prononcé, lors de l'audience d'hier, une peine de 10 ans contre Chamlal Youcef et deux condamnations respectivement à 3 ans et à 6 mois de prison ferme contre deux autres accusés. Le tribunal a aussi prononcé 4 acquittements. Pour rappel, ce procès tant attendu, car il concerne Boulemia Fouad, un élément important dans la haute “hiérarchie” du terrorisme. Il était chargé par les “émirs” nationaux dont Djamel Zitouni, de la coordination entre les différents groupes auxquels il transmettait les ordres venus d'en haut. Il se définit lui-même comme étant un “cadre dans la nébuleuse terroriste”, puisqu'en plus d'intercepter les communications des forces de sécurité grâce à un puissant scanner, il rédigeait la documentation et distribuait les publications de propagande. Cette affaire, pour rappel, est le deuxième volet du lourd dossier de Boulemia qui a fait des révélations lors de son arrestation pour le meurtre de Hachani. Il a ainsi avoué devant le juge d'instruction qu'il était chargé, lors des massacres de Bentalha et de Raïs, d'actionner le dispositif des bombes à l'approche des forces de sécurité. Devant le même magistrat instructeur, il affirmera que ses chefs l'ont désigné pour violer une femme comme ce fut le cas pour tous les égorgeurs ayant participé à la tuerie collective. “Je n'ai pas osé violer la fille qui a été ensuite exécutée avec toutes les autres captives”, se défend-il. Hier, devant le tribunal criminel, il tentera grâce à sa verve et à sa maîtrise de la persuasion de brouiller les pistes et de se présenter comme un cadre terroriste et non comme un exécutant d'attentats ou de massacres. “Je ne dis pas que j'étais porteur d'eau ou de bois, mon rôle était important et les responsables des groupes armés faisaient tout pour me protéger”, répond-il au président du tribunal. Il reconnaît lors de l'audience qu'il était dans la région des massacres, sans y avoir pris part car il était blessé par balle. Il estime, par ailleurs, qu'il aurait pu se trouver dans une autre région puisqu'il assurait la liaison entre les groupes armés. Il fait mine d'oublier ses aveux devant le juge d'instruction. Il enchaîne : “Lors de mon arrestation à Alger, en décembre 1999, j'étais chargé d'acquérir des moyens techniques d'imprimerie. Mes contacts ayant été éliminés par les forces de sécurité, j'ai dû me cacher sur instruction de mes chefs”, dit-il encore. Malgré les questions précises du président du tribunal, Boulemia niera toute participation aux deux massacres. Pour racket et détention d'armes, Chamlal, désigné par un accusé, commerçant à El-Harrach, comme faisant partie du duo qui lui avait pris 4,8 millions de centimes, a été condamné à 10 ans de réclusion. Il avait remis le carton d'un fourneau à gaz à son ami Bouraoui (il a écopé de 3 ans de prison ferme) qui a caché le carton chez sa cousine Ouahiba (qui a été acquittée). Lorsque les policiers se présentent au domicile de la femme, ils découvrent dans le carton un fusil de marque seminov démonté. Debah, l'accusé le plus vieux (il est âgé de 64 ans), reconnaît que Boulemia l'avait chargé de prendre attache avec son père car il voulait se rendre à la justice. Ouahiba affirme, pour sa part, qu'elle ne savait pas ce que contenait le carton que lui avait confié son cousin. Madame le Procureur de la République a requis la perpétuité contre Boulemia, Chamlal et Bouraoui. Elle a demandé aussi des peines comprises entre 5 et 10 ans de réclusion contre le reste des accusés. S. I.