Décidément, en finir avec la peine de mort n'est pas la priorité des réformes. Tayeb Belaïz, ministre de la Justice, garde des Sceaux, peine-t-il à concrétiser sa proposition d'abolir la peine de mort? S'est-il enlisé dans un enchevêtrement politico-judiciaire dépassant ses prérogatives? La condamnation à la peine capitale - tombée avant-hier - prise à l'encontre de l'assassin de Abdelkader Hachani, Fouad Boulemia, n'a fait qu'attiser ces supputations. En fait, si une condamnation du même genre, prononcée contre un meurtrier oranais de façon synchronisée avec le plaidoyer du ministre pour son annulation, est passée presque inaperçue, celle de Boulemia est trop flagrante pour ignorer le fossé séparant le discours des actes. Le département d'El Biar en prend un sérieux coup. Au moment où Belaïz s'applique à insuffler des réformes profondes à l'appareil judiciaire - «inspirées du programme du président de la République» - les tribunaux y rament à contre-courant, persistant dans leurs errements invétérés. Ceux-là mêmes que les hauts responsables de l'Etat ont vertement critiqués. Le chef de gouvernement, M.Ouyahia, à l'occasion d'une conférence de presse en présence des ca-dres de son parti RND- a relevé combien «la peine de mort, non exécutoire de surcroît, a poussé l'Algérie vers le bas». Il a aussi insisté sur «tout l'intérêt qu'on a à se défaire d'un procédé qui n'a que trop terni l'image du pays». Effectivement, les éternelles réticences des chancelleries occidentales d'extrader les personnes d'origine algérienne condamnées pour terrorisme, ont toutes été motivées par le fait que les mis en cause «risquaient l'exécution». D'où la polémique sur «la dégradation des droits de l'homme en Algérie» dont les dividendes en ont été tirés par les dirigeants du FIS dissous qui renouent avec leur cri d'orfraie à chaque fois qu'un rapport d'ONG accable les autorités algériennes. Alors, pourquoi le couperet tarde-t-il à tomber sur la peine capitale? Il est à déduire dans cette cacophonie politico-judiciaire le manque de coordination entre l'action politique et l'action judiciaire. Il semblerait que les magistrats et autres hommes de loi n'ont reçu aucune instruction solennelle et officielle afin de ne point envoyer les prisonniers à la guillotine. Et de conclure par là que l'option demeure encore au stade de l'intention. D'ailleurs, elle n'est même pas soumise au débat parlementaire. Décidément, en finir avec la peine de mort n'est pas la priorité des réformes à introduire dans la Justice nationale. Celles-ci depuis des années en chantier, sont beaucoup plus orientées vers les chapitres qui focalisent le plus l'attention du commun des Algériens. La détention préventive, le code de la famille, le code civil,...sont autant d'ateliers otages des lenteurs d'application. Donc à part son effet d'annonce, l'approche de Belaïz tendant à débarrasser la législation nationale de l'un des «écueils stoppant sa standardisation aux systèmes mondiaux performants» reste lettre morte. Ce qui prouve que les rouages de l'appareil judiciaire sont loin d'être «huilés» en vue de mieux fonctionner.