La source de la crise serait l'ancien premier secrétaire qui jouit encore d'une grande influence au sein de l'instance suprême du parti. Relativement à l'abri des “turbulences” qui ont touché jusque-là de nombreuses formations politiques, le Front des forces socialistes (FFS) du charismatique Hocine Aït Ahmed traverse depuis quelques semaines l'une des crises les plus aiguës de sa longue histoire. En l'espace d'une semaine, en effet, deux conseils nationaux devant entériner le programme d'action du nouveau premier secrétaire national, Mustapha Bouhadef, nommé récemment à la tête du parti en remplacement de Djoudi Mammeri, ont été reportés. Raisons invoquées : la non-finalisation du programme d'action pour le premier et l'indisponibilité du premier secrétaire et d'un grand nombre des membres du conseil national pour le second. Des explications, en fait des raccourcis, qui n'ont pas manqué très vite d'alimenter les spéculations et autres supputations. C'est ainsi que beaucoup d'observateurs, se basant sur des informations distillées par l'entourage du parti, ont attribué ces reports à une “divergence autour de la composition du bureau national” entre Mustapha Bouhadef et Hocine Aït Ahmed. Des divergences dont la source serait la composante de l'équipe concoctée par le nouveau premier secrétaire, comportant notamment d'anciens militants, et qui n'aurait pas eu l'aval du président du parti. Pourtant, à se fier à des sources très crédibles, “l'épicentre” du séisme ne serait autre que l'ancien premier secrétaire, Ahmed Djeddaï. Celui-ci, ajoutent les mêmes sources, qui jouit d'une grande influence au sein de l'instance suprême du parti, en l'occurrence le conseil national, aurait fait un forcing pour imposer ses propres “hommes” au sein du bureau. Et faute de quoi, il rejetterait le programme de la nouvelle équipe. Une “manœuvre” qui, semble-t-il, obéit à un objectif : selon le règlement intérieur du parti, un programme rejeté par deux fois de suite conduit immanquablement à la démission du premier secrétaire. Et par ricochet, provoque une “guerre ouverte” entre le conseil national et le président du parti. Pour quelle finalité ? Ahmed Djeddaï, sous les feux de la rampe depuis quelques années, et qui n'a jamais dissimulé ses ambitions, entendrait ainsi rebondir en perspective du prochain congrès, et à terme, prendre les leviers du parti. Sauf que ce forcing, expliquent les mêmes sources, buterait sur l'intransigeance d'Aït Ahmed. Et pour cause : hanté par les pratiques du pouvoir algérien, le président soupçonnerait l'ex-premier secrétaire de proximité avec certains cercles du pouvoir. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le leader charismatique opère régulièrement des changements à la tête des structures de son parti. Déjà, lors de la destitution en 2003 de Djeddaï, Hocine Aït Ahmed écrivait à ses militants que “(…) sauf que jamais une tentative d'inverser l'orientation et de renverser les structures du parti n'a été aussi grave qu'en ce moment crucial. Elle a été conçue et préparée de longue date, ce qui explique la non-application des résolutions de notre troisième congrès, portant sur l'ouverture des structures à la société et leur mise à niveau afin de promouvoir l'alternative démocratique qui reste l'axe stratégique de notre radicalité politique”. “Elle s'appuie sur des agissements fractionnels à l'intérieur du parti, exécutés par un groupe subtilement organisé et relayé par une presse méthodiquement téléguidée (…)”, avait-il ajouté. Le même message qu'il a tenu à rappeler lors de la nomination de Bouhadef. Autres soupçons qui pèseraient sur l'ex-secrétaire du parti : “Les félicitations reçues de la part de Zerhouni lors de la participation du FFS aux élections locales de 2002”, ajoutent nos sources. Nos tentatives de joindre Djeddaï sont restées vaines. À noter par ailleurs qu'une lettre sera adressée prochainement par Aït Ahmed à ses militants. M. B./ K. K.