«On ne peut pas considérer la réfection d'un trottoir défoncé ou le revêtement d'une route comme des projets à intégrer dans la relance économique». Celui qui nous livre cette subtile trouvaille est le président du parti qui a pourvu le gouvernement de plusieurs membres et la nation d'un ministre des Travaux publics. Cette assertion aussi grossière que grossièrement vraie nous rappelle le bon vieil MSP qui a toujours su entrer au gouvernement et rester dans l'opposition. Cela est possible, en effet. C'est d'autant plus possible que ce ne sont pas les partis qui font la politique du pays. Quand ils y prétendent, on les “échoue” au prochain scrutin avec des pourcentages avilissants ou on les “redresse” par divers procédés. On peut tout dire quand on est admis au sérail, l'essentiel étant de ne rien faire. Abou Djerra, alias Bouguerra Soltani, peut donc remettre en cause les priorités — rien que cela ! — de l'Exécutif et y prolonger son séjour. D'ailleurs, franc, il nie “toute divergence au sein de l'alliance présidentielle”. On s'en doutait : personne n'est là pour faire valoir quelque priorité sinon on l'aurait su même à travers les généralités qu'ils répandent à l'occasion de leurs universités d'été qui, désormais, font office d'activité publique. Si toute crise politique se noue et se dénoue ailleurs que dans le gouvernement, pourquoi les formations alliées autour d'un programme présidentiel, entreprennent-elles soudain de se disputer ? La querelle est tellement réelle qu'un sommet est programmé, probablement pour prévenir l'empoignade. Certainement sans conséquences sur l'avenir immédiat de la coalition, les improvisations populistes du chef du parti intégriste sur la relance économique et le code de la famille restent quand même instructives. La rentrée politique n'est pas de bon augure pour tout le monde. Un FLN “redressé” et “réunifié” rendu possible par le montage électoral du 8 avril renaîtra bientôt du VIIIe congrès bis, et il faudra bien adapter la structure gouvernementale à la configuration qu'on aura donnée au paysage politique. Si au RND, on exclut toute élection anticipée et tout remaniement du gouvernement, c'est juste parce que l'hypothèse est, dans tous les cas de figure, défavorable au parti-éprouvette. Mais les trois formations se préparent à l'épreuve de la rectification prochaine. D'autant plus que Bouteflika ne voudra pas rester sur cette impression de désaveu que constitue la démission d'un éminent “décideur”. Un des moyens d'étouffer la véritable crise et de résoudre la fausse. Ainsi, une péripétie de gouvernement pourrait voiler un évènement de système. M. H.