Le groupe doit revoir à la hausse ses ambitions et relever de nouveaux défis sur le marché mondial. Désormais, l'entreprise Saïdal doit impérativement bénéficier d'une ouverture de son capital. Détenue à 80% par l'Etat et à 20% par le privé, la société gagnerait à renverser cette tendance. Le gouvernement est appelé à prendre une décision ou du moins, suggérer une orientation dans ce sens. Il est grand temps que le groupe active sur les marchés du médicament à l'instar des grands laboratoires étrangers. La DG a d'ores et déjà entamé des négociations avec trois partenaires, l'un est public, les deux autres sont des privés algérien et étranger. Les responsables du premier producteur de médicaments en Algérie optent pour la vente de capital en bloc de 5%, 10% et de 20% à un seul partenaire qui doit au préalable apporter et le capital et le savoir-faire. Plus question de vendre le capital à des personnes qui n'ont rien à voir avec le secteur du médicament. Le groupe doit également passer à un palier supérieur qui est celui d'un partenariat qualitatif commercial. En termes plus clairs, Saïdal doit trouver des partenaires avec lesquels elle s'associe pour constituer des sociétés mixtes qui vont viser des marchés bien connus. Pénétrer en outre avec ses partenaires ces marchés et y bénéficier ensuite de leur savoir-faire. Il ne faut jamais, est-il prévu par les dirigeants du groupe, entrer en conquérants avec ses partenaires. “Nous ne nous prétendons pas tenir tête à des grands laboratoires étrangers sur ces marchés. Il vaut mieux les avoir comme partenaires que comme concurrents”, précisera M. Aoun, PDG du groupe Saïdal au cours d'une interview qu'il a accordée à la chaîne berbérophone Berbère Télévision (BRTV). Ces deux objectifs auxquels aspire l'entreprise sont inscrits dans une stratégie qui s'étalera jusqu'à l'horizon 2011. Il faut dire que le groupe Saïdal a arraché une place parmi les firmes spécialisées les plus en vues dans le monde. Un taux de croissance de 12% Son chiffre d'affaires a connu une hausse permanente depuis huit années, allant de plus de 1 milliard de DA à plus de 6 milliards de DA. Ce qui lui confère un taux de croissance de près de 12%. Si ces résultats sont comparés en tant que ratios au chiffre d'affaires, les bénéfices seront estimés à plus de 10%. “Ce sont des ratios de rentabilité les plus importants dans la sphère économique nationale voire même internationale”, relèvera M. Aoun. “Nous sommes sur une bonne tendance et nous comptons le rester afin de consolider le tissu industriel dans le secteur et continuer à offrir un service de qualité au malade algérien qui en a besoin”, soulignera le premier dirigeant du groupe. Il a mis l'accent sur la nécessité de maintenir en permanence les aspects liés à la qualité, à la performance et au management du changement. Saïdal s'atelle à mettre sur le marché un produit performant tout en prenant en charge l'insatisfaction des clients. C'est l'une des préoccupations de l'entreprise traitée avec le système de management qualité (SMQ). D'ailleurs, sur les 3 700 employés de Saïdal, plus de 600 s'occupent uniquement du contrôle de la qualité des matières premières, des produits intermédiaires, des produits finis et des articles de conditionnement. Mieux, les prix pratiqués par l'entreprise depuis 1995 n'ont pas connu de hausse. En dépit des péripéties qu'a subies le pays (dévaluation du DA, FMI…), affirmera M. Aoun, les tarifs de Saïdal sont restés compétitifs voire 50% moins chers que ceux des produits importés. “C'est avec ces prix que nous maintenons notre place sur le marché national”, tient à rappeler le PDG du groupe. Toutefois, il demande aux pouvoirs publics d'exercer pleinement leur pouvoir de régulation pour que le produit, qui est introduit en Algérie ou fabriqué localement, réponde aux normes requises dans le domaine. L'enveloppe qui sera réservée à l'importation, qui reste encore très lourde 600 millions de dollars/an, doit être régulée et bien planifiée. Autrement dit, M. Aoun propose à l'Etat une importation utile. Pour être plus clair encore, il demande aux décideurs de ne pas importer des médicaments dont le malade algérien n'en a pas besoin et/ou déjà fabriqués localement. Avec une telle politique, l'Etat pourra protéger davantage le pouvoir d'achat des citoyens, réduire les charges des caisses de la Sécurité sociale et permettre enfin à une industrie locale de se développer, de créer des postes d'emploi et de produire des richesses. Usine d'insuline de Saïdal “Seul projet en Algérie” Tout en affichant son choix inexorable pour les produits génériques essentiels et courants, le PDG de Saïdal ne veut néanmoins pas priver le malade algérien des molécules innovantes. Pour certaines pathologies, constate-t-il, il existe des molécules innovantes qui ont fait leur preuve. Il faut, selon lui, réserver environ 30% à l'importation des médicaments nouveaux et le reste sera consacré aux génériques. Quant à la question de l'insuline qui continue de défrayer la chronique dans le pays, M. Aoun avoue que l'on en a fait un “mythe”. La fabrication de ce produit, précise-t-il, est l'une des opérations des plus aisées. Or, Saïdal fabrique, souligne-t-il, depuis 15 ans des produits plus difficiles tels que les antibiotiques injectables. “C'est un produit courant comme tous les autres”, affirmera-t-il. “Certains lobbies internationaux puissants ont réussi à convaincre les décideurs même que l'insuline ne peut être fabriquée en Algérie sans l'assistance et l'aide des laboratoires étrangers”, déplore-t-il. Saïdal a décidé de réaliser son usine d'insuline à Constantine, expliquera-t-il, pour gagner de l'argent et du temps car les installations existent déjà et sont fin prêtes. “Le seul projet de fabrication d'insuline en Algérie est actuellement celui que réalise en ce moment Saïdal à Constantine. Le produit sera fabriqué dès début 2005”, renchérit-il. B. K.