La convention républicaine qui s'est ouverte, hier, à New York selon le mode très show, caractéristique des messes électorales américaines, doit permettre à Bush de séduire les électeurs encore hésitants dans les Swing States, ces régions où la discipline électorale est un vain mot et qui sont susceptibles de basculer dans un camp ou un autre. Quelque 2,6 millions d'électeurs américains n'arrivent toujours pas à trancher entre Bush le républicain et le démocrate John Kerry et détiennent les clés du scrutin, selon un sondage publié par Knight Ridder Newspapers. L'enquête donne Kerry en tête devant Bush avec 50,8% contre 46,7% mais 2,4% des électeurs indécis estiment qu'ils ne sont pas encore sûrs de leur choix. 90% de cette catégorie d'électeurs se disent prêts à voter le 2 novembre, reconnaissant qu'ils pourraient se décider dans les derniers jours, voire les dernières heures précédant le scrutin. Depuis janvier, la campagne du président républicain est consacrée à tenter de gagner le moindre vote dans ces Etats, une petite vingtaine, tout en attaquant son rival démocrate John Kerry sur tous les fronts. Avant de se rendre à la convention de son parti qui se tient à Madison Square, quartier mythique de New york, Bush a sillonné le New Hampshire, le Michigan, le Tennessee, l'Iowa et la Pennsylvanie où le réservoir des indécis est important. Après la convention, il se rendra dans le Wisconsin, à nouveau dans l'Iowa, dans l'Ohio, et enfin la Virginie Occidentale. Dans ce contexte, on aura remarqué que Bush a abandonné son langage guerrier et outrageusement arrogant pour essayer justement de caresser dans le sens du poil. La convention républicaine a, de son côté, pris soin de ne donner la parole qu'à des orateurs modérés, faisant l'impasse sur les partisans de la ligne dure au sein du parti républicain. Parmi ces personnalités soft figurent le gouverneur de Californie, l'acteur populaire Schwarzenegger, l'ancien maire de New York Rudolph Giuliani, qui a géré l'après 11 septembre et le sénateur McCain, rival de Bush en 2000, susceptibles aux yeux du parti de drainer les indécis. Bush a perdu du terrain mais se maintient devant Kerry sur la question de la lutte antiterroriste. Cependant, même sur ce terrain, il est obligé de faire montre de prudence. De nombreux parents des victimes des attentats du 11 septembre à New York n'ont cessé de mettre en garde contre l'exploitation politicienne de la perte de leurs proches. Pour esquiver la question, Bush met dorénavant l'accent sur la nécessité d'une diplomatie musclée. Par contre, il ne présentera pas d'excuses pour la guerre en Irak, qui a fait près de 1 000 morts parmi les militaires américains, et où les armes de destruction massive dont la présence a été invoquée pour entrer en guerre restent introuvables. Répondant à ses détracteurs, Bush, dans un entretien dans le Time Magazine, estime être un gars qui fait l'histoire, répétant que sa décision d'envahir l'Irak et de renverser le régime de Saddam Hussein était la bonne décision. Là, il ne faut surtout pas procéder à des changements. Du reste, en reconduisant Dick Cheney comme candidat à la vice-présidence, Bush confirme que les ultras de son parti ont encore de l'avenir avec lui. Les travaux de la convention qui se poursuivent jusqu'à jeudi sont accompagnés par des manifestations rassemblant les anti-Bush. Le ton a été donné, hier, avec des manifestations sans incident à New York. La police a néanmoins procédé à quelques arrestations en marge du défilé, qui a drainé derrière le révérend Jesse Jackson ou le cinéaste Michael Moore quelque 400.000 personnes. La convention républicaine sera clôturée par Bush, qui doit prononcer un discours wpour accepter la nomination de son parti au cours. Les anti-Bush manifesteront tout au long de la convention.