Seize pays, dont l'Algérie, devraient figurer, avant la fin de l'année, sur une nouvelle liste d'Etats dans lesquels les douaniers américains peuvent intervenir dans leurs ports pour inspecter le contenu des navires à destination des Etats-Unis. Depuis quelques mois, les navires de la Cnan boudent les ports américains. Après avoir tenté de résister aux nombreuses restrictions imposées par Washington aux bateaux algériens, les responsables de la compagnie maritime nationale ont fini par abandonner la partie. “Nous sommes confrontés à des restrictions draconiennes et injustifiées : nos équipages sont empêchés de quitter les bateaux, ils nous imposent leurs vigiles pour la surveillance de nos navires qu'ils nous facturent de 2 000 à 3 000 dollars par jour et par personne, les autorités portuaires sur place font preuve régulièrement d'un excès de zèle qui nous pénalise et nous cause beaucoup de retard… Nous sommes victimes de restrictions racistes”, explique un responsable de la Cnan à Alger, joint au téléphone. Résultat : des pertes estimées à plusieurs dizaines de millions de dollars par an pour la compagnie algérienne. Après avoir été numéro un algérien sur cette destination durant plusieurs années, la Cnan, pressée par ses principaux clients de trouver une solution, a décidé de recourir à l'affrètement de navires auprès d'armateurs étrangers, essentiellement des Européens, soumis à moins de restrictions dans les ports américains. “Pour nous, c'était la seule solution. L'Algérie est même dans l'incapacité d'imposer les mêmes conditions aux navires américains.” Mais dans les prochains mois, l'affrètement de navires risque de s'avérer insuffisant. Les Etats-Unis envisagent, en effet, d'étendre les contrôles au-delà de leurs ports. Les navires seront contrôlés dans le port d'origine. 25 grands ports, essentiellement en Europe et en Asie, sont déjà concernés depuis 2002 par ces contrôles, appelés pudiquement Convention internationale sur la sécurité des conteneurs. Seize autres pays, notamment arabes et africains, devraient figurer sur une nouvelle liste avant la fin de l'année. Officiellement, l'initiative américaine s'inscrit dans le cadre de la lutte contre le terrorisme international. En réalité, elle cache d'autres objectifs inavoués. En effet, selon nos informations, l'administration américaine exerce actuellement des pressions sur plusieurs gouvernements pour les contraindre à accepter l'installation dans leurs principaux ports d'un nouveau système de contrôle entièrement conçu par les Américains. Doté d'un puissant logiciel, il permet de scanner le navire à sa sortie de son port d'origine et donc de connaître son contenu. Or, avec ce système, il y a le risque pour les pays concernés de voir les Américains accéder facilement à toutes les informations sur les transactions commerciales qui transitent par le port d'Alger. Des renseignements précieux qui pourraient ensuite être utilisés au profit des entreprises américaines pour leur permettre d'acquérir des parts de marchés face à leurs concurrents européens. Pour l'heure, les négociations sont en cours avec le gouvernement algérien. Mais l'Algérie peut-elle résister encore longtemps aux pressions américaines ? L. G.