Au moment où nous mettons sous presse, nos deux confrères français, Georges Malrunot et Christian Chesnot, ne sont pas encore libérés par leurs ravisseurs. Leur enlèvement par l'Armée islamique en Irak, surtout après la diffusion de la vidéo dans laquelle ils soulignaient que leur “vie est en danger”, a suscité une profonde émotion tant en France que dans le monde arabo-musulman. Une émotion qui a donné lieu aussi à un vaste élan de solidarité et de mobilisation, pour que ces deux journalistes soient libérés sains et saufs. Outre la déclaration solennelle du président français et le déplacement de son ministre des affaires étrangères dans plusieurs capitales arabes, en quête de médiation, il faut noter aussi la position de nombreuses organisations islamiques et des syndicats de journalistes qui ont appelé à leur libération. Dans notre pays, l'Association des oulémas, présidée par cheikh Abderrahmane Chibane, s'est jointe, hier, à cet appel pour demander la libération des journalistes du Figaro et de RFI. Même la chaîne Al-Jazira, qui se contente habituellement de diffuser les communiqués des ravisseurs, a réclamé la remise en liberté des otages. Un tel mouvement de solidarité, sans précédent, trouve son origine dans la politique arabe traditionnelle de la France et sa position “honorable” dans la crise irakienne, en refusant notamment d'envoyer ses troupes aux côtés des autres coalisés. Une telle attitude, pensions-nous, comme l'avait souligné le directeur du Figaro, était suffisante pour assurer une immunité en terre irakienne des journalistes français, partis pour accomplir leur mission d'informer. Ce qui ne semble pas être l'avis de leurs ravisseurs qui, dans une attitude qui relève de la fanfaronnade, exigent l'abrogation de la loi sur le port du voile votée par le parlement français. Le président français a été on ne peut plus clair, en affirmant que son pays ne cédera pas au chantage qui ne manquerait pas d'ailleurs de créer un précédent. Il est à souhaiter que les multiples appels lancés soient entendus par les ravisseurs. Car une autre tournure impliquerait un prix politique fort que les arabes et les musulmans paieront cash en France. N. S.