Le confrère Enzo Baldoni a été exécuté par “l'Armée islamique en Irak”. Remarquons-le “en” : armé islamique “en Irak” et non armée islamique “d'Irak”. Le journaliste italien a été assassiné parce que son pays participe à la coalition qui occupe l'Irak. En principe, du moins, il l'a été pour cette raison. Mais la France n'a pas participé à l'alliance des envahisseurs. Elle a été même opposée à l'intervention militaire en Irak. Cela ne l'a pas empêchée de mettre en danger la vie de deux de ses ressortissants, aujourd'hui sous la menace de cette Armée islamique “en” Irak. Le prétexte de la participation à la guerre envolé, l'AII — les spécialistes médiatiques occidentaux de l'islamisme aiment bien les noms de marque qui naissent, tuent et disparaissent dans la nébuleuse islamo-terroriste — a été chercher une excuse à son crime annoncé dans la loi française. Ce faisant, le groupe terroriste est parfaitement conséquent. De nature idéologique et non patriotique, sa véritable cible est la démocratie quand on croit que son objectif est la libération de l'Irak. La prise d'otages de journalistes français le rappelle à une opinion qui, en Espagne, en France ou ailleurs en Europe, pense devoir se prémunir de la brutalité islamiste en fuyant leurs terrains de prédilection. L'AII, par exemple, l'énonce jusque dans sa dénomination. Armée “en” Irak, elle en a fait son champ de bataille et non son motif de combat. L'Irak est une opportunité islamiste, non une cause islamiste. Et dans sa guerre, aux procédés bestiaux et aux visées théocratiques, l'intégrisme s'en prend à qui il peut, là où il peut, quand il peut. Les empressements, voire les avances, qu'on lui fait, par tactique ou par lâcheté, sont inutiles, souvent contre-productifs. Aucun Etat ne le sait mieux que la France. Quand le pouvoir socialiste justifiait les crimes terroristes en Algérie par la frustration d'un parti dépossédé de sa victoire électorale, quand les intellectuels et journalistes parisiens de gauche inventaient le “qui tue qui ?” pour “victimiser” les assassins, on croyait avoir lénifié le GIA par tant d'attention démocratique et humanitaire ! Pourtant, ces marques de compréhension et ces témoignages de compassion envers des islamistes “éradiqués” n'ont pas épargné à Paris les bombes que l'ont sait. Aujourd'hui, tout doit être fait pour sauver Christian Chenot et Georges Malbrunot des griffes de la bête. Si tu ne vas pas au terrorisme, le terrorisme viendra à toi. Voici la triste et tragique réalité des temps présents à venir. Et la stratégie de composition tacite que certains Etats tentent, dans le monde arabo-musulmans, bien sûr, mais aussi en Occident, ne les met pas à l'abri du péril du siècle. Peut-être même qu'on s'y expose plus en refusant le défi. M. H.