L'amendement introduit dans la Constitution égyptienne, permettant des candidatures multiples à l'élection présidentielle, ne semble pas satisfaire l'Administration Bush, déterminée à exiger plus de réformes politiques. S'arrogeant le droit d'imposer la démocratisation des régimes arabes, les états-Unis reviennent à la charge en mettant cette fois-ci la pression sur le régime de Hosni Moubarak. La secrétaire d'état américaine aux affaires étrangères mettra à profit, sans aucun doute, sa rencontre aujourd'hui au Caire avec le raïs, pour lui dire que Washington n'est guère satisfait des réformes menées jusqu'à maintenant. “Il y a eu quelques changements apportés à la Constitution. Est-ce suffisant ? Dans l'absolu, je pense que non. Plus doit être fait”, a déclaré Condoleeza Rice au sujet de ce qui a été entrepris par l'égypte avant qu'elle ne quitte Washington en direction du Proche-Orient. “L'élection présidentielle constitue un pas important inédit dans ce pays”, a-t-elle affirmé avant d'ajouter qu'“il est important que le gouvernement égyptien sache qu'un grand nombre de gens vont vous regarder”. Mme Rice, dont l'objectif est d'accélérer le calendrier de la “démocratisation” au Proche-Orient, va exercer plus de pressions sur Hosni Moubarak, parce que l'égypte, pays le plus peuplé du monde arabe, sera un exemple à suivre. Il y a lieu de rappeler que la première responsable de la diplomatie américaine avait annulé, en mars dernier, une visite dans la capitale égyptienne en signe de protestation contre l'incarcération du président du parti d'opposition al Ghad, Aymen Nour. Ce dernier constituerait l'un des principaux rivaux dans la course à la présidentielle de septembre prochain pour le chef de l'état égyptien, qui compte briguer un cinquième mandat. L'opposition espère pouvoir rencontrer Condoleeza Rice, comme l'a déclaré l'épouse d'Aymen Nour, Gamila Ismaïl : “Nous voulons toujours rencontrer des responsables américains, mais nous n'avons pas encore reçu d'invitation.” Elle a également précisé : “Je suis sûre que la visite (de Rice) aura des effets… Au moins a-t-elle contribué à faire retirer les portraits de Moubarak qui étaient accrochés dans les rues.” Elle n'a pas hésité à formuler un vœu : “J'espère seulement que les déclarations (de Rice) seront plus fortes que celles de Laura Bush”, car, a-t-elle ajouté, “deux jours après, les gens étaient battus dans la rue”. En effet, plusieurs femmes avaient été agressées par des partisans du Parti national démocrate au pouvoir, lors d'une manifestation, le 25 mai, à l'occasion du référendum sur la Constitution. Par ailleurs, la secrétaire d'état américaine renouvellera certainement l'insistance de Washington à permettre la supervision par des observateurs internationaux de l'élection présidentielle de septembre et des élections législatives qui la suivront en novembre. Il va sans dire que Hosni Moubarak sera mal à l'aise pour affronter Condoleeza Rice, qui n'a pas l'intention de repartir les mains vides du Caire. K. ABDELKAMEL