Au moins 60 personnes ont été tuées et près de 120 blessées, hier, en Irak dans des attaques visant la police. Le gros des pertes a eu lieu devant le quartier général de la police, en plein centre de Bagdad. Une voiture piégée a explosé près du complexe de la police. L'attentat s'est produit vers 10h (heure locale) à la rue Haïfa, au centre de Bagdad, à l'entrée principale du complexe de la police Al-Karkh, et à proximité de magasins et d'échoppes, dont un café bondé au moment de la déflagration. L'explosion a dévasté les abords du quartier général qui abrite aussi un centre de recrutement et un poste de police. Elle a détruit une quinzaine de commerces et 7 voitures. Les terroristes ont frappé fort. Des dizaines de personnes, notamment de jeunes Irakiens souhaitant s'engager dans la police, attendaient devant le bâtiment au moment de l'attentat. Le quartier de la rue Haïfa est considéré comme l'un des bastions des partisans du président déchu Saddam Hussein. 13 personnes y ont été tuées dimanche dans des affrontements entre les forces américaines et des membres de la guérilla et un raid aérien américain. Pour les autorités irakiennes, ce sont là des opérations planifiées pour tuer des civils à Bagdad et empêcher le déroulement du processus de normalisation devant mettre sur les rails l'Irak post-Saddam. C'est en tout cas ce que pense le ministre irakien de l'Intérieur, Falah Al-Nakib, qui s'est rendu sur les lieux de l'attentat. “Des groupes arabes, non irakiens, sont probablement à l'origine de ces actes”, a-t-il commenté. 3 heures après l'attentat de Bagdad, un minibus transportant des policiers au centre-ville de Baâqouba, à 50 km au nord-est de la capitale, a été pris pour cible à l'arme automatique par des assaillants. 13 personnes ont été tuées, 12 policiers et leur chauffeur civil. En outre, dans la même région, 7 personnes ont été blessées dans une série d'attaques visant la Garde nationale. À l'ouest de Kirkouk, l'oléoduc principal reliant le nord du pays au port turc de Ceyhan a été saboté hier matin, une semaine après sa réparation. Un autre oléoduc, apparemment de moindre importance, avait été saboté 3 heures plus tôt. Le président irakien Ghazi Al-Yaouar, en visite à Varsovie, devait, pour sa part, affirmer devant des députés polonais que l'Irak avançait vers la démocratie, malgré les attaques terroristes. “Nous avançons vers la démocratie de manière évolutive, bien qu'il existe des milieux qui veulent stopper ce processus par des actes de violence”, a-t-il plaidé avant de se rendre à Bruxelles, dernière étape de son périple européen qui l'avait déjà conduit à Berlin et à Rome. “Les portes de l'enfer se sont ouvertes en Irak”, a déploré de son côté le SG de la Ligue arabe, Amr Moussa, à l'ouverture de la 122e session ordinaire du conseil ministériel de l'organisation au Caire, peu après l'attentat de Bagdad. Moussa a exprimé l'espoir que les pays arabes puissent aider l'Irak à surmonter cette crise, à recouvrer sa souveraineté et à mettre fin à l'occupation américaine. Les ministres arabes des Affaires étrangères devraient, pour le moins, dénoncer le terrorisme en Irak. D. B.