Liberté : Mme Hanoune, que visent ces journées d'étude du Parti des travailleurs ? Louisa Hanoune : Nous avons considéré qu'il était de notre devoir de réunir l'ensemble de l'encadrement du parti, c'est-à-dire, les structures dirigeantes, plus l'encadrement des commissions permanentes, pour débattre des questions d'actualité brûlantes et aboutir à un plan d'action. C'est pour homogénéiser notre compréhension, pour confronter notre analyse à la réalité des faits. Exagérons-nous en disant que les travailleurs, la jeunesse et la nation n'ont jamais été autant menacés ? Avec des thèmes précis, nous allons aboutir à un plan d'action. Tous les militants présents vont devoir faire des comptes-rendus dans leur wilaya, dans les assemblées générales, dans les sections, pour que tout le monde s'imprègne de l'orientation et des priorités : nos priorités. La direction du parti a approuvé un appel, pour continuer la campagne de mobilisation, que nous avons initiée au lendemain des élections, pour des solutions nationales algériennes aux problèmes qui étranglent notre pays et qui le mettent en danger. Il est de notre devoir d'aider dans la clarification des enjeux du moment et d'aider les Algériennes et les Algériens à s'exprimer autour de ce texte, de cet appel, pour pouvoir, par la suite, interpeller les autorités du pays. Votre parti rejette l'idée d'irréversibilité de la mondialisation. Peut-on savoir pourquoi ? Après 132 ans de colonisation, le peuple algérien a arraché son indépendance. Nos parents, nos aînés n'ont pas pensé que la colonisation était un processus irréversible, parce que les causes justes sont éternelles. Certes, il y a une offensive sans précédent, mais en même temps, il n'y a jamais eu autant de luttes dans le monde. Il y a des résistances, parce qu'il y a une aspiration profonde de la part des peuples et des travailleurs à vivre, à arrêter cette machine infernale, qui se traduit par les guerres, par une régression féroce, par l'occupation. Pour nous, le règne des multinationales n'est pas irréversible. Pour nous, ce qui est irréversible, c'est la marche de la civilisation humaine vers le progrès et non sa disparition. Pour l'Algérie, ce qui devrait être la préoccupation des dirigeants, je veux dire de tous les acteurs politiques, c'est de chercher les solutions aux problèmes urgents, de lever les obstacles devant le règlement et de résoudre la crise pour, précisément, enlever les arguments ou les prétextes qui sont utilisés contre notre pays, par les tenants de la domination, des multinationales. C'est-à-dire ? Je veux parler de la question des disparus, des libertés, des droits de l'Homme, des questions démocratiques, qu'il faut régler démocratiquement, pour que nous puissions, en toute souveraineté, dégager une politique conforme à nos besoins, au progrès social et à la démocratie. Dire que c'est irréversible, c'est nous dire que la civilisation humaine doit disparaître, que nous aussi, comme d'autres pays africains, devons sombrer dans le chaos. Nous disons : non ! Quelle alternative propose le PT à la mondialisation ? Pour ce qui concerne notre pays, nous proposons le règlement des problèmes : toute la volonté doit s'exprimer là-dessus, de résoudre et d'assainir ces dossiers en suspens, qui empoisonnent notre société, la vie de milliers de familles et le climat sociopolitique mais qui sont en plus utilisés comme moyens de chantage contre notre pays. Nous préconisons, par ailleurs, la construction et la consolidation de la solidarité internationale entre les travailleurs et les peuples. Il nous faut rechercher les véritables causes à nos problèmes. Les causes sont l'endettement, le pillage des richesses des peuples. Nous pensons que nous pouvons mettre fin à cela, d'autant plus que dans les pays industrialisés, c'est-à-dire les pays des grandes puissances, qui dominent les institutions internationales, ce pillage ne profite pas aux travailleurs, ni à la jeunesse, ni à la majorité. Nous pensons, les développements en Amérique latine l'établissent, que lorsque les gouvernants ont la volonté de chercher des solutions, de s'appuyer sur les peuples, pour résister, les peuples répondent toujours présents. La pire des positions serait de se dire qu'il n'y a rien à faire et qu'il faut se soumettre. Avec qui votre formation compte-t-elle mener des actions pour défendre la souveraineté de la nation algérienne ? Avec tous ceux qui le désirent, qui le veulent. Avec tous ceux qui veulent résister, qui, quelle que soit leur appartenance politique, quelle que soit la langue ou la région, considèrent, comme nous, que nous ne devons pas franchir ce pas-là, celui de dénationaliser les hydrocarbures, de détruire la Fonction publique, de toucher aux caisses de la Sécurité sociale et de retraite, de toucher au droit à la santé, au droit à l'instruction, etc. Nous sommes prêts à nous associer avec tous ceux qui pensent que l'Algérie doit rester une République, une et indivisible. Nous pensons qu'à travers notre appel à la mobilisation, pour la défense de l'unité de la République, contre les privatisations, contre la déréglementation et la régionalisation, nous posons en réalité des questions de fond et “en ce sens, nous voulons toucher le maximum de travailleurs, de jeunes, ainsi que les retraités et tous ceux qui se sentent concernés, pour créer une dynamique nationale”. H. A.