Le satisfecit que s'est accordé le ministre de l'enseignement supérieur, il y a quelques jours, ne semble pas convaincre les enseignants. Le Conseil national des enseignants du supérieur a fait, hier, sa rentrée par un communiqué qui remet en cause les propos de M. Harraoubia. Pour le CNES-USTHB, “la rentrée à L'USTHB se présente dans des conditions plus critiques que les années précédentes, malgré le discours optimiste de Harraoubia”. Les raisons ? Le communiqué du CNES-USTHB en cite plusieurs. En premier lieu, l'arrivée de 5 000 étudiants dans un campus où “les conditions sociopédagogiques se sont dégradées et les conditions socioprofessionnelles des enseignants ont atteint un seuil intolérable. À cela s'ajoute “la gestion opaque et rentière des facultés de l'USTHB” qui, selon le même document sont gérées par “des doyens non élus, cooptés par le pouvoir”. Un état de fait qui a “accéléré la dévalorisation de la formation universitaire, fragilisé le statut de l'enseignant et a délégitimé notre université dans sa fonction académique et sociale”. Le CNES cite également, le cas de l'Institut de formation des diplômes universitaires des études appliquées qui est, à ce jour, sans statut juridique et ce, depuis quinze longues années. “Il est géré par un directeur non élu, depuis dix ans. Ce qui a précarisé le statut des enseignants”. S'agissant de l'encadrement, le communiqué du CNES révèle un déficit de 23 500 enseignants à l'échelle nationale. Pour y faire face, les autorités n'ont pas trouvé mieux que d'ouvrir 15 postes budgétaires seulement à l'USTHB et l'augmentation du volume horaire complémentaire . “L'augmentation des heures complémentaires à 12 heures représente la solution par laquelle le pouvoir veut consolider sa politique de dépermanisation de l'enseignant pour en finir avec toute idée d'un statut spécifique de l'enseignant chercheur et pour précariser le métier d'enseignant universitaire”. Ne voulant pas assister les bras croisés à la descente aux enfers des instituts du supérieur, le CNES compte reprendre son combat. D'autant que la tutelle fait la sourde oreille à leurs sollicitations. “Le Ministre de l'enseignement supérieur refuse, depuis huit mois, d'ouvrir les négociations avec le CNES. Cette attitude est perçue par le syndicat comme “un message significatif qui nous pousse à la confrontation pour arracher nos droits”. Que faire pour changer la situation ? Le CNES n'y voit pas trente-six solutions. Un appel est lancé par le CNES-USTHB à tous les instituts du supérieur pour tenir des AG entre le 1er et 8 octobre en vue d'enrichir la plate-forme de revendications, de débattre de la stratégie pour réussir les élections des doyens et directeurs d'instituts et pour imposer une répartition équitable et transparente des stages de formation à l'étranger, des congés scientifiques. Il s'agirait surtout de débattre des formes d'actions à entreprendre pour faire aboutir toutes les revendications. Autrement dit, un autre front de contestation pourrait s'ouvrir et allonger la longue liste des conflits sociaux. Le spectre de la grève plane désormais sur le secteur de l'enseignement supérieur. La réunion du Conseil national du CNES, prévue le 14 octobre prochain, pourrait déboucher sur cette action que le syndicat a toujours adoptée comme moyen de pression. À moins que la tutelle ne fasse des concessions et lance des signaux positifs en direction du syndicat. M. B.