Après une longue période basée sur une économie planifiée fortement centralisée, I'Algérie s'est engagée depuis une décennie vers une économie libérale de marché. à ce titre, d'importantes décisions économiques ont été prises, telles que l'abolition des monopoles d'état, la convertibilité commerciale de la monnaie nationale, l'agrément de banques privées, l'agrément de compagnies d'assurance privées. En outre, I'Algérie a opté récemment pour son adhésion à l'Union européenne ainsi qu'à l'OMC. Cependant, les récentes mesures gouvernementales, et notamment celles contenues dans l'instruction du 18 août 2004 du gouvernement viennent de marquer un pas en arrière dans la libération du marché économique et la privatisation des entreprises. Certes, après le krach financier de certaines banques privées, on comprend bien le souci des pouvoirs publics de sauvegarder à l'avenir les fonds détenus par les sociétés et offices publics, représentant des deniers publics de l'état. Aussi, la mesure conservatoire relative à l'obligation faite aux sociétés et offfices publics de placer leurs avoirs auprès des caisses du Trésor public relève-t-elle de la souveraineté de l'état. Par contre, la décision faisant obligation aux entreprises publiques d'être domiciliées auprès des banques publiques exclusivement pour toutes leurs opérations, aussi bien commerciales que financières, s'inscrit en contradiction avec les lois antérieures et, notamment, avec la loi sur la monnaie et le crédit. En effet, cette dernière instruction gouvernementale se traduit en pratique par le fait que les banques privées ne sont plus habilitées à avoir comme clientèle les entreprises publiques, alors qu'elles ont été agréées et nanties des mêmes prérogatives et attributions que les banques publiques. Cette mesure va donc rétrécir le champ d'activité des banques privées qui sera limité au secteur privé, lequel ne constitue qu'une portion assez faible par rapport à l'activité économique nationale. Par ailleurs, le retour aux domiciliations obligatoires des entreprises publiques auprès des banques publiques, pour toutes leurs opérations commerciales, va accentuer le poids et la surcharge des opérations bancaires auxquelles auront à faire face les cinq banques publiques. En effet, en dépit de tous les efforts déployés ces dernières années pour moderniser leurs systèmes informatiques et procédures de gestion, dans le cadre de la réforme bancaire, les cinq banques publiques risquent encore d'être submergées par l'ensemble des opérateurs économiques publics. Il serait peut-être opportun de créer de nouvelles banques publiques telles que la banque des PME/PMI, la banque de l'habitat, la banque du tourisme et de l'hôtellerie. Au plan international, I'instruction gouvernementale du 18 août 2004 ne fera qu'amplifier l'appréhension et le manque de confiance des institutions financières étrangères vis-à-vis des banques privées algériennes. À cet effet, un autre point mériterait d'être étudié par les pouvoirs publics concernant la nature juridique des différentes banques privées agréées en Algérie comprenant une banque semi-publique, dont le capital a été constitué à 50% par une banque publique et 50% par des fonds privés étrangers, plusieurs banques à capitaux privés exclusivement algériens, plusieurs banques à capitaux privés entièrement étrangers, plusieurs banques privées mixtes à capitaux privés étrangers et capitaux privés algériens. En conclusion, il serait utile, à notre humble avis, que les pouvoirs publics reconsidèrent leur position vis-à-vis de certaines catégories de banques privées dans le cadre d'une nouvelle approche de la stratégie nationale globale relative au secteur financier. A. M.