En réaction aux positions internationales, désormais plus favorables à l'autodétermination du peuple sahraoui, le souverain alaouite n'hésite pas à désigner Alger comme responsable de sa faillite diplomatique. Mohammed VI accuse directement l'Algérie d'être la principale cause de blocage du dossier sahraoui. Sans fournir la moindre preuve concrète dans sa diatribe, le roi du Maroc affirme dans un mémorandum adressé le 24 de ce mois au Conseil de sécurité et diffusé, hier, par l'agence MAP, que “l'implication de l'Algérie dans la question du Sahara occidental a pris des formes multiples et variées allant de l'engagement militaire aux manquements au droit international humanitaire en passant par l'appui financier et logistique et la mobilisation de l'encadrement diplomatique”. Rabat cherche coûte que coûte à démontrer qu'Alger est “partie prenante” dans cette affaire du Sahara occidental. Mohammed VI estime que la contribution apportée par la diplomatie algérienne dans la perspective d'un règlement de ce différend dans ses nombreuses étapes montre que l'Algérie “n'agit pas comme un simple membre des Nations unies, soucieux du respect des principes de la charte”. Basant son argumentaire sur des passages des précédentes résolutions onusiennes, en prenant le soin de couper les phrases là où il faut avec l'habileté d'un censeur, le souverain chérifien fait endosser à notre pays toute la responsabilité du non-règlement du dossier. L'absurdité de la thèse royale ne semble pas avoir de bornes. En effet, dans ce rapport qualifié de “document officiel au Conseil de sécurité”, le Maroc rejette le qualificatif de “puissance occupante” utilisé par le président Abdelaziz Bouteflika dans sa lettre à Kofi Annan en juillet dernier. Le roi s'insurge contre l'utilisation de ce concept qu'il juge “erroné et n'ayant aucune relation avec le Sahara” où selon lui, il “n'y a eu ni guerre avec un autre Etat, ni occupation du territoire de ce dernier”. L'on se demande alors dans quelles circonstances le Front Polisario a fait prisonniers plusieurs milliers de soldats des forces armées royales marocaines, dont plusieurs centaines ont été récemment libérées à l'appel de nombreuses monarchies du Golfe, notamment le Qatar et les Emirats arabes unis. Quant à l'histoire du Sahara occidental, le mémorandum ne laisse planer aucun doute sur sa “marocanité”, en affirmant qu'il “fait partie intégrante du royaume depuis des temps immémoriaux”. Le plan de paix de James Baker qui “réintroduit l'idée de référendum” est perçu au palais de Skhirat comme une menace, car il prévoit “une période de transition porteuse de tous les dangers pour la quiétude des populations locales, la sécurité et la stabilité des Etats de la région”. Excellant dans l'art de maintenir le flou total, le Maroc réitère son “engagement pour une solution politique qui préserve sa souveraineté et son intégrité territoriale et qui permet aux populations de gérer directement et démocratiquement leurs affaires sociales”. C'est là une manière de rappeler à la communauté internationale le refus catégorique de Rabat d'accepter de tenir un référendum auquel le Front Polisario appelle de tous ses vœux. Sur ce point, la position marocaine est des plus inexplicables. En effet, alors que les Marocains transférés sur ce territoire depuis la Marche verte annoncée le 16 octobre 1975 par le défunt roi Hassan II, représentent plus du triple des Sahraouis recensés par la Minurso et ayant le droit de voter, soit près de 300 000 contre 80 000, le palais royal ne veut pas entendre parler de référendum. Tout indique que la confiance ne règne pas entre le roi et ses “sujets”. Dans ce genre de situation, la solution pour Rabat est dans la fuite en avant, quitte à défendre l'indéfendable. En tout état de cause, la monarchie alaouite demeure fidèle à ses positions antérieures consistant à tout mettre sur le dos de l'Algérie, même quand il s'agit de taire des contestations internes n'ayant rien à voir avec le Sahara occidental. K. A.