Alors qu'il a assuré se rendre aux négociations “dans le respect de la légalité internationale et des résolutions des Nations unies”, le Maroc persiste, cependant, à faire de son plan d'autonomie la base des discussions avec le Front Polisario et à vouloir impliquer l'Algérie. Une manière de faire que même les Américains n'approuvent pas. Saisissant au vol les dernières déclarations du président Abdelaziz Bouteflika, lequel constatait que “le problème du Sahara occidental représente un facteur de blocage du processus de l'édification du Maghreb qui conditionne l'avenir de toute notre région”, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement marocain, Nabil Benabdellah, a affirmé que cela apportait la preuve qu'Alger est directement concernée par la question du Sahara. Selon lui, “l'ambiguïté dans la position de l'Algérie, qui soutenait qu'elle n'était nullement une partie concernée par ce conflit, est maintenant levée”, et “l'Algérie montre qu'elle intervient et s'implique directement dans toutes les évolutions que connaît le dossier du Sahara”. C'est à croire que le constat fait par Bouteflika constituait un fait nouveau, alors que par son refus de participer à tout sommet de l'UMA, Mohammed VI empêchait toute avancée du projet. En effet, alors qu'Alger demandait de progresser dans la réalisation de cet édifice régional en laissant le règlement du conflit du Sahara occidental aux Nations unies, le souverain alaouite faisait la sourde oreille. Aussi et avec l'intention évidente de montrer que seule Rabat veut la paix dans la région, Nabil Benabdellah ajoute : “L'important pour nous, c'est de mettre chacun devant ses responsabilités devant la communauté internationale et sous les auspices des Nations unies, pour savoir alors qui veut la paix dans cette région à travers le règlement définitif de cette question et, partant, l'édification du Maghreb arabe.” Poursuivant dans le même sens, le ministre marocain indique que “le Maroc se rendra aux négociations sur la question du Sahara sur la base de la résolution du Conseil de sécurité, c'est-à-dire de bonne foi”. D'un autre côté, il a cherché à tromper l'opinion publique internationale en déclarant : “Rabat participe à ces négociations avec bonne foi et sans conditions préalables, conformément à la volonté du Conseil de sécurité de l'ONU.” Mais cela ne semble pas suffisant pour induire en erreur la communauté internationale, à commencer par les Américains, qui ne cachent pas leur soutien à Rabat dans un cadre légaliste si l'on se fie aux dernières déclarations du secrétaire d'Etat américain adjoint pour les questions liées au Proche-Orient, David Welch. Bien que qualifiant la proposition d'autonomie marocaine de “sérieuse et crédible”, ce dernier insista sur le fait qu'il est indispensable que les deux camps, qui ont consenti à se rencontrer sous les auspices des Nations unies, avant la fin du mois de juin, engagent des pourparlers directs sans imposer de conditions préalables. C'était pour le diplomate américain l'occasion de rappeler au Marocains que “tout règlement de la question du Sahara occidental doit aussi tenir compte des préoccupations du peuple sahraoui et être compatible avec ses droits à l'autodétermination. Le Maroc a dit que sa proposition serait présentée à un vote du peuple sahraoui”. Plus explicite, David Welch s'est aligné pratiquement sur la position algérienne exprimée par le président Bouteflika en affirmant : “À moins que d'autres éléments n'interviennent pour résoudre le problème, il demeurera une source d'irritation constante pour deux des pays les plus importants d'Afrique du Nord : le Maroc et l'Algérie.” Sans oublier de préciser que les tensions qui se poursuivent et l'instabilité avaient entraîné des préoccupations au plan de la situation des droits de l'homme pour le peuple sahraoui. En plus clair, un facteur de blocage pour toute la région. K. ABDELKAMEL