Des éclairages ont été apportés sur la phase cruciale de transition, soutenus par de nouvelles problématiques. L'Etat en construction, l'Etat libéral, les réformes administratives, les mutations dans l'administration et la mondialisation. Tels sont les principaux points développés, hier, lors du colloque international portant sur “le changement dans l'administration”, qui s'est tenu à l'Ecole nationale d'administration à Alger. La rencontre a été initiée par les responsables de cette école et a réuni des personnalités, experts et chercheurs nationaux et étrangers, spécialisés dans les questions administratives. La journée d'hier a été consacrée à l'état des problématiques en matière de changement et à la conduite du changement lui-même. Dans son intervention, Oualid Laggoune, professeur à la Faculté de droit (Alger), a d'emblée situé le fond du problème. “L'Etat ne peut plus tout faire, c'est donc la fin de l'Etat des années 50. Il est alors admis que l'Etat doit partager certaines missions et se recentrer sur ses missions propres”, a-t-il soutenu, en invitant les participants à ne pas perdre de vue “la mondialisation”. M. Laggoune a, cependant, constaté que cette approche n'a pas clairement défini certains concepts, tels que le désengagement, la dérèglementation, la privatisation, la modernisation, le marché, la gouvernance et même la guidance. Il a, par ailleurs, noté que l'Etat libéral n'est pas “dénué des formes d'intervention”, puisque “le marché ne peut pas fonctionner sans marché”. L'universitaire a souligné plus loin que l'Algérie, en tant que “pays à rente pétrolière”, n'échappe point aux pressions extérieures exercées pour l'amener à produire des changements. Il a aussi exposé certaines pistes de réflexion se référant au thème du colloque. On retiendra notamment l'idée de la décentralisation, les missions liées à la souveraineté de l'Etat, celles liées à la recherche de l'intérêt général (service public), les missions d'intérêt national et la relation entre l'Etat et la représentation politique. D'autres conférenciers ont défendu le principe d'un rôle plus actif de l'Etat. “Les préoccupations du citoyen doivent être le moteur du changement”, a indiqué Fouad Soufi, historien et chercheur. Et de poursuivre : “L'Etat ne peut être qu'au cœur de la problématique du changement.” L'intervenant a mis en exergue “la mise à l'écart de la mémoire de l'administration” qui, selon lui, consacre “la bureaucratie autiste”, prive l'Etat de la nécessaire connaissance de la société, d'une part, et le citoyen du droit d'être informé, d'autre part. Un autre conférencier a insisté sur “la perte de la loyauté” de l'administrateur, vis-à-vis des autorités politiques et administratives, “la crise de médiation” comme résultat de l'effritement de l'ancien compromis et la “crise de rationalité” de l'action publique engendrée par l'absence du couple sanctions-compensations. “Nous sommes dans une dépendance communicative”, a relevé M. Djouldem, universitaire à Montpellier (France), en expliquant que “les idées” viennent des institutions internationales et seront soumises aux pays, par la magie de la rhétorique et de la controverse. Au cours du débat, les participants ont axé sur les “nouvelles fonctions économiques” de l'Etat, de “promotion” de l'économie de marché et de “compensation” sur le rôle joué par l'ajustement structurel dans “la réduction de l'Etat” et sur l'existence du “consensus politique et social” jusqu'à la veille des évènements d'octobre 1988. “L'Etat n'était pas remis en cause comme expression”, à cette époque, lancera le vice-président du Conseil national économique et social, M. Mekidèche. Une autre participante, en l'occurrence Mme Boumediene, a fait remarquer que, sous le prétexte de la mondialisation, “on revient à une situation analogue de l'avant-crise économique” de 1927 qui avait touché les Etats-Unis et qui s'était étendue à l'Europe en 1933. La veuve du deuxième Président algérien s'est également demandée avec quoi l'Algérie vivrait-elle, si elle venait à privatiser le secteur des hydrocarbures. Et d'ajouter : “Les peuples des pays dits en développement sont des destinataires ou des acteurs ?” H. A.