Le ministre du Travail et de la Protection sociale, Tayeb Louh, a jeté hier un véritable pavé dans la mare déjà bien sale du scandale Khalifa. Interpellé par un journaliste sur l'identité de celui qui avait donné instruction à la direction de la Cnas de domicilier ses avoirs dans la banque El Khalifa, le ministre a pointé du doigt le conseil d'administration de cet organisme. “Je vais vous le dire clairement, c'est le conseil d'administration qui en est responsable, conformément au décret de 1992 régissant le fonctionnement des caisses des assurances sociales.” Ainsi, à défaut d'enlever le masque au responsable ou à la structure (?) qui aurait ordonné de mettre l'argent des caisses dans les banques El Khalifa, Tayeb Louh s'est contenté de jeter la pierre sur le conseil d'administration qui, soit dit en passant, est statutairement seul responsable de ce genre d'actes de gestion. Il se trouve, curieusement, que le président de ce conseil n'est autre que le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd. De fait, la déclaration de Louh le met dans une mauvaise posture tant il est censé être informé de cette sombre affaire “d'injonction verbale”. Ne voulant visiblement pas remuer le couteau dans la plaie, le ministre n'a pas jugé utile de pérorer sur ce scandale, se contentant de souligner que “le dossier est entre les mains de la justice” et qu'il appartenait aux tribunaux de situer les responsabilités. Sur un autre plan, Tayeb Louh est revenu sur les raisons du refus de son département d'accorder l'agrément au syndicat des travailleurs du secondaire. Le Cnapest en l'occurrence est “hors la loi” aux yeux du ministre arguant que certaines dispositions de son statut “contredisent la réglementation en vigueur”. Il affirme, à ce propos, que son administration a adressé deux correspondances aux responsables de ce syndicat lui notifiant les raisons “réglementaires” qui rendent impossible l'agrément du Cnapest. Mais, en réalité, le ministère conteste les dispositions de l'article 75 du statut du Cnapest qui interdit expressément à ses membres d'adhérer à un autre syndicat ou parti politique. Ce qui est en soi positif en ce sens que ce syndicat prétend s'immuniser contre la manipulation et la récupération. Louh dit ne pas trouver non plus de contradiction entre le fait que les responsables du Cnapest soient reçus en tant qu'interlocuteurs par Benbouzid pendant que lui, il leur dénie le droit à une existence légale. Il faut préciser que les caisses des assurances figurent parmi les nombreux organismes et institutions de l'Etat à avoir été victimes de la banqueroute de la banque El Khalifa où elles ont été obligées — par injonction verbale dit-on —, de déposer leur argent. Un syndicaliste a révélé dernièrement que le montant avoisine les 400 milliards de centimes. H. M.