La scabreuse affaire de domiciliation de l'argent des caisses de sécurité sociales dans les banques El Khalifa connaît de nouveaux rebondissements. Le ministre du travail, Tayeb Louh, vient de jeter un autre pavé dans la mare bien sale du conseil d'administration de ces caisses. Il a, en effet, lavé l'ancien ministre de la sécurité sociale Abou Djerra Soltani, de tout soupçon quant à sa complicité passive ou active dans cette affaire. “La tutelle n'était pas du tout informée ni consultée sur cette décision de mettre l'argent des caisses dans les banques El Khalifa”. C'est là, une sèche mise au point au secrétaire général de l'UGTA qui a soutenu, récemment, devant les journalistes que le ministre de l'époque, Abou Djerra en l'occurrence, était au courant de cette mesure. Tayeb Louh tenait tout particulièrement, hier, à faire cette précision, en marge d'un séminaire sur l'inspection de travail. Il tenait également, à être clair et net en priant les journalistes de bien l'écouter pour mieux transmettre. Et la cible semble tout à fait désignée puisque c'est précisément Sidi-Saïd qui a “mouillé” son prédécesseur dans cette affaire. Pis, Tayeb Louh affirme que c'est le bureau du conseil d'administration des caisses et “quelques personnes” qui avaient pris la décision de déposer cet argent chez Khalifa sans consulter le conseil lui-même ni le ministère. “C'est le bureau du conseil d'administration qui s'est substitué au conseil”, révèle-t-il, assénant que : “rien n'est arrivé au ministère !” Voilà qui contredit totalement le propos du SG de la centrale syndicale. Il faut rappeler que ce dernier a réagi à la déclaration faite par ce même ministre en direct à la télévision, selon laquelle, c'est le conseil d'administration des caisses qui est responsable de ces domiciliations dans les banques El Khalifa. étant président de ce conseil, Sidi-Saïd à naturellement contre-attaqué en renvoyant la balle dans le camp de Abou Djerra Soltani qui, hiérarchiquement, devait, selon lui, être forcément informé. Or, le patron du MSP serait au dessus de tout soupçon d'après le ministre et seuls, “le bureau du conseil et certaines personnes” devraient être mis au box des accusés. Le ministre s'est bien sûr gardé de citer des noms “parce que l'affaire est en instruction et la justice fait son travail”. Il n'a pas non plus identifié les caisses concernées; se contentant de dire qu'il s'agit de 4 ou 5 caisses. Il a néanmoins précisé que la loi 92-07 fait obligation au conseil d'administration des caisses de sécurité sociale de communiquer ses résolutions au ministère de tutelle. Tayeb Louh persiste et signe qu'aucune trace de cette affaire n'a été trouvée dans son département. Il enfonce un peu plus Sidi-Saïd et ses collègues, en déclarant que c'est à la suite d'une enquête diligentée par le ministère que le pot aux roses fut découvert. Le ministre du travail a par ailleurs, laissé entendre que le dispositif de la sécurité sociale sera prochainement revu pour qu'il soit plus étanche. Ayant constaté un grand trafic de vignettes, et un contrôle moins rigoureux au sein des caisses, Louh envisage de créer un nouvel organisme de contrôle qui chapeauterait toutes les caisses afin de rendre plus efficace l'opération de recouvrement. H. M.