Liberté : Comment analysez-vous le marché algérien ? Luc-Alexandre Ménard : Par tradition, c'est un marché qui connaît des hauts et des bas. Parfois avec des hauts importants et des bas aussi importants. Mais, depuis trois années, il suit une courbe ascendante d'une manière régulière et il va atteindre un record en 2004. On attend un volume de vente global autour de 100 000 voitures. Ce qui est très haut niveau. Ces dernières années, il est constaté un nombre de plus en plus important de véhicules Renault introduits en Algérie par des particuliers à travers la formule d'importation des voitures de moins de trois ans… La raison est que nous mettons sur le marché des voitures qui plaisent à nos clients. Mais la base stratégique de Renault en Algérie, c'est de construire d'une manière sérieuse et continue un réseau avec de nouveaux professionnels qui permettent d'assurer un service et une distribution de qualité. Nous avons créé à travers le réseau 1 200 emplois. Je crois que le consommateur admet que notre présence géographique sur le territoire algérien est bien conçue et mieux adaptée. Ce qui l'aide à acheter Renault, en plus de la qualité du produit bien entendu… Les importations considérables de véhicules Renault en Algérie sont dues au fait qu'il y a une forte communauté algérienne en France. Car, il y a des possibilités d'acheter une voiture en France et de l'introduire en Algérie. Cela s'explique également par le développement avéré du service de la réparation, notamment avec la création d'un centre de maintenance Renault à Alger. Pouvez-vous nous donner une idée sur les grandes lignes de la stratégie de Renault au Maghreb ? Il n'y a pas de stratégie spécifique à cette région. Chaque pays a sa particularité. Le Maroc est un marché fermé avec des droits de douanes très élevés, l'Algérie est un marché semi-ouvert avec des droits de douanes acceptables alors que celui de la Tunisie est administré… Cependant, notre but est de se maintenir sur le podium grâce à notre produit et notre offre de service. C'est ça notre stratégie en fait…Quel est le poids du marché algérien ? J'ai discuté récemment avec le directeur commercial de Renault, je lui ai dit : “Tu dois réanalyser ton hit-parade des pays de vente de Renault dans le monde”. Car, l'Algérie apparaît maintenant au même niveau qu'un pays comme la Suisse, la Pologne. Pour nous, l'Algérie est un pays de première importance. L'Algérien est curieux de savoir quand est-ce que Renault déciderait enfin à venir créer une usine de production ou de montage de voitures en Algérie à l'instar de la Roumanie et du Maroc… Je vois vos yeux qui brillent quand vous posez cette question (rires)… Quand vous investissez dans une industrie d'automobile, il vous faut une série de paramètres qui justifient vos investissements. Pour le moment, il n'y a aucune décision, aucune prétention dans ce sens mais la voie reste ouverte… B. K.