Après la reprise de leurs relations bilatérales, les deux pays aspirent visiblement à une profonde et franche réconciliation. Le président iranien, Mohammad Khatami, entame, aujourd'hui, à l'invitation de M. Bouteflika, une visite d'état de trois jours en Algérie. Selon une source officielle citée, jeudi, par l'agence non moins officielle APS, “cette importante visite (…) devrait contribuer au renforcement des liens d'amitié, de coopération et de compréhension mutuelle entre l'Algérie et l'Iran pour les amener au niveau des potentialités des deux pays (…). Plusieurs accords seront signés dans différents domaines, et couronneront ainsi les efforts déployés par les deux parties pour élargir une coopération jugée de part et d'autre comme objet de satisfaction mutuelle”. Khatami a été précédé à Alger par son ministre des Sciences, de la recherche scientifique et technologique, Djaâfar Tewfiki, arrivé, mardi soir, à la tête d'une importante délégation. La visite du président réformateur, qui coïncide avec la foire des produits iraniens (à Alger), est la première depuis au moins dix ans. Côté algérien, seul Chadli Bendjedid s'était rendu (en 1982) dans l'ancienne Perse. Ce n'est que vingt-et-un ans plus tard, entre les 17 et 20 octobre 2003, qu'un autre président, en l'occurrence M. Abdelaziz Bouteflika, a remis les pieds en terre iranienne. Il avait été accueilli en grande pompe par son homologue et les autorités locales. Il s'était notamment recueilli sur la tombe du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Khomeyni, et entretenu avec le guide suprême de la révolution, l'ayatollah Ali Hosseini-Khamanei. L'occasion avait, par ailleurs, donné lieu à la signature de cinq accords bilatéraux dans les domaines de la justice, des finances, de l'industrie et du transport aérien. Les deux présidents s'étaient rencontrés, une première fois, en septembre 2000 à New York, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies. Mais le fait était historique puisque les relations bilatérales, rompues depuis 1993, furent rétablies. Après l'avènement du phénomène Fis, le parti dissous (en 1992) pour avoir versé dans l'action violente et le terrorisme, l'Iran, présidé par Ali-Akbar Rafsandjani, avait apporté son soutien politique et financier au mouvement intégriste. Alger n'avait évidemment pas apprécié le geste. Le 22 mai 1997, Mohammad Khatami est élu à la tête de la République islamique. Proche de Khomeyni au moment du renversement du dernier shah (de la dynastie des Pahlavi), en 1979, il est tout de même considéré comme un “réformateur”, par opposition bien sûr aux “conservateurs” incarnés par l'irréductible Ali Khamanei, l'autre tête légale de l'Exécutif. Pour nombre d'observateurs étrangers, il a réussi à faire avancer l'état de droit. Indices ? Aujourd'hui, le pourcentage des filles dans les universités a grimpé (plus de 60% des nouveaux étudiants), celui de l'alphabétisation en milieu rural aussi, et le taux de natalité a nettement diminué. L'état des droits de l'homme n'est pas resté en marge, l'avocate Chirine Ebadi ayant obtenu, le 10 octobre 2003, le prix Nobel de la paix pour son combat en faveur de l'émancipation de la femme et la consécration des libertés. Quelques jours plus tard, le ministre des Affaires étrangères, Kamel Kharazi, signait, avec ses homologues britannique, français et allemand, un accord par lequel l'Iran s'engageait à se conformer aux règles internationales en matière nucléaire. L'Iran en bref *Dénomination officielle : République islamique d'Iran. *Capitale : Téhéran. *Langue officielle : persan (farsi). *Population : environ 70 millions d'habitants *Monnaie : rial. *Fête nationale : 1e avril. *Organisation administrative : vingt-quatre provinces. *Pouvoir exécutif : Partagé entre le guide suprême de la Révolution islamique (Ali Hosseini-Khamanei), conservateur, et Mohammad Khatami, président réélu en juin 2001, réformateur. *Pouvoir législatif : madjlis (Parlement) composé de 270 membres, élus pour un mandat de quatre ans. *Pouvoir judiciaire : symbolisé par une Cour suprême. *Principales ressources : le pétrole représente près de 80% des exportations (près de 60% du budget de l'état). L. B.