Dans un irrépressible mouvement de déchéance, l'équipe nationale de football dégringole chaque jour un peu plus. Et ses responsables la regardent périr sans rien remettre en cause. Ni eux-mêmes, ni leurs choix. Un autre entraîneur national et on recommence. Tout se passe comme si la science de l'échec que développent nos responsables sportifs, aux lendemains de débâcles, est en même temps leur science de la réussite. Alors, pendant qu'eux s'agrippent à leurs privilèges, nous, nous accrochons à la chance sur dix, sur cent ou sur mille, de remporter quelque imminent succès. Bientôt, on réalisera l'innovation technique qui se profile derrière l'attitude suffisante des dirigeants du football national : un entraîneur par match. Comme il est peut-être question de contrats qui ne se refusent pas, on en arrivera peut-être à cet étrange record où l'on aura essayé plus de coachs que de nouveaux joueurs. Le demi-échec, lourd de conséquences, de l'EN face à une modeste équipe rwandaise qui, à domicile, nous a dominés même dans le domaine du fair-play, a révélé la vanité de la performance d'avoir organisé et remporté les jeux panarabes. Performance préfabriquée, en dehors de toute norme olympique, et destinée à la consommation de notre fierté qui, vue d'en haut, doit certainement paraître si peu exigeante. Car, si le football chavirant suscite quelques “mesurettes” destinées à dissimuler la désinvolture et l'incurie de ses gestionnaires, le déclin des autres disciplines, parents pauvres de la politique sportive nationale, ne provoque même pas les colmatages dont bénéficie, à l'occasion, le sport roi. Il y aura toujours un ou deux émigrés par spécialité pour témoigner dans les arènes internationales de notre existence sportive ! Le foot, lui, peut dépérir mais ne doit pas mourir. D'abord, parce qu'il rassemble, une ou deux fois par semaine, des armées de “tifosis” qui viennent remplir les caisses de clubs pourtant médiocres. Ensuite, le sponsoring de complaisance apporte le complément d'argent facile. Enfin, l'influence des grands clubs de football en fait de puissants partenaires en politiques et en affaires. Il suffit de voir comment les autorités sont complaisantes avec les débordements de supporters, d'observer les empoignades locales, claniques et tribales qui entourent les échéances de renouvellement de staffs de certains clubs en vue, pour se douter des enjeux politico-financiers. Le processus mafieux dans lequel s'est fourvoyé le football national en a fait un milieu d'affaires plus qu'un milieu éducatif. C'est tout de même étrange qu'un championnat d'un niveau aussi dérisoire assure à tant de joueurs des primes de signature de plusieurs centaines de millions de centimes, sans compter les salaires et privilèges ! Le foot va mal, très mal. Mais pour ceux qui en profitent, tout va bien. Ce n'est donc pas demain qu'on pensera aux autres sports. Ce n'est pas demain non plus qu'on pensera à revoir la gestion du football. Tant que tant de monde y trouve ses intérêts politiques et financiers, pourquoi changer une équipe qui gagne ? M. H.