Après la nomination de Ali Fergani à la tête de l'équipe nationale, les millions de supporters du club Algérie espéraient vraiment un grand sursaut au Rwanda, mais le déclic tant attendu n'a finalement pas eu lieu. C'est dire que l'opération commandos initiée presque à la hâte par Fergani n'a pas eu l'effet escompté même si ce petit point ramené de la lointaine Kigali n'hypothèque pas définitivement les chances de qualification de l'EN pour la CAN 2006, car le Mondial allemand, lui, relève déjà du mirage. Appelé à la rescousse pour remplacer au pied levé le Belge Robert Waseige et tenter, vaille que vaille, de “sauver les meubles”, Fergani a certainement dû constater, en terre rwandaise, que l'opération de survie qu'il a eu le courage et le mérite d'accepter n'était pas, en fait, une aussi mince affaire. Sur une pelouse de Kigali très difficile à jouer, car bosselée comme il fallait bien s'y attendre et dans des conditions climatiques très défavorables en cette période de chaleur tropicale, dans la région des grands lacs, les Verts étaient soumis à un véritable “quitte ou double” où ils ont même failli y laisser des plumes. Certes, le nouvel entraîneur national s'est déclaré satisfait de ce point du nul ramené de Kigali, mais une telle consolation aurait été plus conséquente si le “tableau de bord” de l'EN était au vert. Malheureusement, ce n'est guère le cas, car il a déjà viré au rouge et l'horizon s'obscurcit de jour en jour avec cette peu reluisante place de “lanterne rouge” qu'occupent honteusement (hé oui !) les Verts, un affront que tout le football algérien n'a jamais connu et n'est pas près d'oublier. En fait, cette nouvelle contre-performance (c'en est bien une !) vient remettre en cause toute la crédibilité d'un football national de plus en plus malade de ses structures et surtout de ses dirigeants. Il faut bien admettre qu'une victoire à Kigali aurait permis à nos dirigeants actuels de “cacher le soleil avec un tamis”, — pour reprendre un proverbe bien de chez nous —, et voilà que ce semi-échec aura eu certainement le mérite de nous rappeler l'amère réalité du terrain. Excepté la suprématie — pourtant ébréchée depuis quelque temps — des mythiques Super Eagles du Nigeria, il faut bien se rendre à l'évidence que l'Algérie, jadis terre de foot et de stars de la balle ronde à l'image des Madjer, Belloumi, Menad et autres Assad, n'arrive plus à rivaliser avec des pays de seconde zone tels que l'Angola, le Gabon, le Zimbabwe et le Rwanda. Un tel fiasco pourtant perceptible à l'œil nu exige désormais un changement radical à la tête de la FAF dont le bureau exécutif, et en premier lieu le président Raouraoua, aurait dû avoir le courage et surtout l'honnêteté de démissionner depuis le fameux naufrage de Annaba face au Gabon (3-0). Il est vrai qu'une telle culture n'est pas encore ancrée dans les mœurs de notre pays, et à tous les niveaux qu'ils soient, mais l'actuel bureau fédéral aura tout simplement échoué dans sa mission. À ce titre, il faut certainement saluer comme il se doit la position courageuse de Mahieddine Khalef qui a finalement décidé de sortir de son mutisme et de son retrait incompréhensible de la scène footballistique pour postuler aux destinées du football algérien. Loin de nous l'idée de mystifier l'image de celui qu'on appelle familièrement et nostalgiquement “l'homme du Gijon”, mais la raison nous guide à investir beaucoup d'espoirs sur un homme, un dirigeant et un footballeur — tout à la fois — capable d'injecter du sang neuf au football algérien et de sonner l'heure du changement et du renouveau. Loin de nous aussi l'idée de signer “un chèque en blanc” au profit de M. Khalef, mais il est temps de redonner le football aux footballeurs et de réconcilier nos footballeurs avec... le football d'antan car, à ce rythme-là, la Coupe du monde relèvera de l'utopie et la CAN nous tournera désormais le dos comme elle ne l'a jamais fait. À quand le bout du tunnel ? M. H.