Comme il fallait s'y attendre, le président de la République n'a pas raté hier l'occasion que lui offrait la tribune de la Cour suprême à l'ouverture de l'année judiciaire pour dire son “mot” sur le très controversé code de la famille. Visiblement soucieux de ne pas jeter l'huile sur le feu, Abdelaziz Bouteflika à rassurer partisans et adversaires, histoire de brasser le plus large possible. “Loin de toute idée de se démarquer de la charia…” Le président répond aux islamistes qui l'accusent de vouloir sacrifier les préceptes de l'islam sur l'autel de la modernité. Mais tout de suite après, Bouteflika ajoute que cette révision du code de la famille doit être “en accord avec les grands principes fondamentaux de la Constitution et en harmonie avec les principes et les valeurs humaines universelles…” Ces deux exigences spirituelles et universelles, qui doivent sous-tendre le futur code de la famille, ne s'entrechoquent pas aux yeux du président. Mieux encore, il leur trouve même des motifs d'harmonie en ce sens “qu'il n'y a pas de contradiction entre la volonté de veiller à sauvegarder nos valeurs culturelles et spirituelles, et notre objectif de mettre un terme au déséquilibre et à la précarité de la situation de la femme au regard du code civil et d'assurer la protection de l'enfant en vertu des traités, conventions et accords internationaux signés par l'Algérie.” Pour le président Bouteflika, l'esprit de la révision du code de la famille doit tenir compte des principes régissant la société algérienne. “Il s'agit de les — les textes internationaux ratifiés —, harmoniser avec les principes qui régissent la société algérienne.” Si le président semble avoir tenu à jouer l'équilibre entre les partisans de l'amendement du code de la famille et leurs contradicteurs, son propos paraît cependant décisif en terme d'engagement politique à faire aboutir cette révision. “La révision du code de la famille s'est avérée impérative si nous voulons garantir la stabilité et l'harmonie dans la société…” Cette déclaration ne laisse, théoriquement, pas l'ombre d'un doute quant à la détermination du président à faire passer son projet et ce, quelle que soit la pression et quelle que soient l'agitation des milieux conservateurs. H. M.