Des organisations comme le Snapap, le Cnes et le CLA dénoncent l'absence de transparence dans les discussions entre le gouvernement et l'organisation de Abdelmadjid Sidi Saïd. Qu'a obtenu l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) du gouvernement jeudi dernier ? Des syndicats autonomes à l'instar du Syndicat national des personnels de l'administration publique (Snapap), du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) et du Conseil des lycées d'Alger (CLA) sont unanimes pour dire que Abdelmadjid Sidi Saïd est ressorti les mains vides du Palais du gouvernement. D'après eux, la satisfaction affichée par le secrétaire général à l'issue de ses entretiens avec le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, relève purement de la mise en scène. Le coordinateur du CLA parle de parade. Selon M. Redouane Osmane, la bipartite a donné lieu à des engagements de pure forme. “Le communiqué commun, ayant entériné les négociations, a un contenu diplomatique. Il cache des enjeux. Contrairement à ce qu'elle affirme, l'UGTA n'a rien arraché”, observe notre interlocuteur. L'incapacité du principal syndicat du pays à obtenir l'abrogation de l'article 18 de la loi sur la Fonction publique constitue à ses yeux, l'échec le plus patent. En vertu de ce texte, certaines fonctions de soutien dans les institutions et les administrations publiques sont soumises au contrat. Et c'est justement dans le secteur de l'éducation nationale que se trouve le plus grand nombre d'enseignants contractuels. Le leader du CLA les estime à 180 000, soit la moitié de ceux existant dans toute la Fonction publique. “Le refus du gouvernement de supprimer l'article 18 confirme sa volonté d'aller vers la dépermanisation progressive des agents de l'Etat dans certains services comme les collectivités locales, la santé, l'enseignement…”, soutient Osmane. S'élevant contre la duplicité et le caractère discriminatoire qui caractérise la mise en application de la contractualisation, le syndicaliste ne comprend pas qu'une même fonction, comme l'enseignement par exemple, soit soumise à des régimes différents. “Il y a les titulaires, puis les autres”, dénonce-t-il. À l'opposé du chef de l'Exécutif, le porte-parole du CLA conteste l'universalité de cette pratique. “La contractualisation peut effectivement avoir lieu dans des pays libéraux et avancés mais pas chez nous. Ici, où l'Etat est absent, l'existence de féodalités politiques accentue la précarité de l'emploi”, dit-il. En tout état de cause, la vérité de Osmane est faite : ce n'est pas avec des syndicats d'appareils qu'on peut obtenir quelque chose des pouvoirs publics. Le Snapap partage amplement cette opinion. S'exprimant au nom du syndicat, M. Hammadi, secrétaire national chargé des relations extérieures, s'élève contre l'exclusion des organisations autonomes de pourparlers comme la bipartite. De son avis, la programmation à l'ordre du jour d'un dossier aussi crucial que celui de la Fonction publique justifiait davantage la présence des autres syndicats. “Contrairement à l'UGTA, le plus gros de nos troupes se concentre dans ce secteur”, souligne le représentant du Snapap. S'élevant à son tour contre l'opacité qui a distingué ces discussions, il considère que les calculs politiques ont, de part et d'autre, pris le pas sur la prise en charge des besoins sociaux. “Ce qui m'écœure c'est l'indifférence affichée à l'endroit de ces milliers d'Algériens, des enseignants, des gardes communaux… qui ont été envoyés au charbon durant les années noires du terrorisme. Ils ont été embauchés par le biais de contrats et personne ne se soucie de leur sort à présent”, constate M. Hammadi. Sans contexte, la question de la contractualisation focalise l'attention des syndicats autonomes. Bien que le Cnes ne soit pas directement concerné par cette problématique, le devoir de solidarité le pousse à faire siennes les revendications des autres catégories de fonctionnaires. De même, il s'associe à leur exigence relative à leur prise en compte dans toute négociation sur l'avenir des salariés. D'après M. Boukaroura, coordinateur national du syndicat des enseignants du supérieur, il est illusoire de mettre ses espoirs dans l'UGTA. “Sidi Saïd estime que la régularisation de la situation de certains travailleurs — telle qu'entérinée dans le cadre de la bipartite par l'engagement des autorités à l'application des décisions de justice — est une victoire. C'est tout ce qu'il y a de plus normal”, s'emporte notre interlocuteur. S. L.