Le porte-parole du Comité national des libertés syndicales (CNLS), le Dr Besbès, est revenu sur les mesures décidées, mercredi dernier, en Conseil de gouvernement, lesquelles s'apparentent à une remise en cause du droit de grève pourtant consacré par la loi. Liberté : Que pensez-vous des dernières mesures prises en Conseil de gouvernement et qui sont limitatives du droit de grève ? Dr Tahar Besbès : Il y a quatre points qu'il faut faire ressortir : la régression des acquis du 5 octobre 1988 ; une remise en cause des dispositions constitutionnelles, une volonté de normaliser le monde du travail par la force et celle de sauver un semblant de consensus d'une bipartite qui a révélé son échec. Concernant la remise en cause des dispositions constitutionnelles, personne, en principe, n'a le droit d'y toucher. Concernant le licenciement des grévistes pour motif d'abandon de poste, je trouve cela aberrant. Car quand on fait une grève c'est sur les lieux du travail. Où est donc l'abandon de poste ? Ne voyez-vous pas, à travers ces mesures, une certaine volonté de remettre en cause le droit de recourir à la grève ? En effet, c'est dans cette optique que ces mesures ont été prises. Et contre les syndicats autonomes qui sont des organisations ayant leur façon de lutter qui est différente du syndicat d'avant-octobre 1988. Il se trouve que ce sont ces syndicats autonomes qui sont actuellement plus présents sur le terrain et qui remettent en cause la politique du gouvernement concernant des réformes auxquelles ils n'ont jamais été associés. À titre d'exemple, le statut général de la Fonction publique. Les principales organisations syndicales qui activent sur le terrain sont les syndicats autonomes, et ils sont de loin les véritables représentants des travailleurs du secteur public. Donc, il est inconcevable que le gouvernement n'ait pas l'avis de ces forces vives qui occupent réellement la scène. Donc, pour vous, ces mesures visent essentiellement les syndicats autonomes ? C'est clair. Selon vous, pour quelle stratégie de riposte doivent opter ces syndicats ? La création du CNLS est déjà une grande avancée dans cette lutte. Mais les syndicats utiliseront tous les moyens que leur confère la loi pour sauvegarder et défendre un droit qui leur est reconnu par la Constitution. Eventuellement, on organisera des journées de protestation, des grèves mais c'est aux syndicats, regroupés sous la bannière du CNLS, qui se réuniront aujourd'hui (hier, ndlr) d'en décider. Ceci dit, le moment est venu pour tous les syndicats sans exception, l'UGTA y compris, de se regrouper au sein du CNLS. Parce que ce sont les libertés syndicales qui sont plus que jamais menacées. A. C.