Les syndicats autonomes des différents secteurs du monde du travail ne comptent pas se taire à propos des dernières décisions du gouvernement portant sur le droit à la grève. Ils considèrent que ce droit est aujourd'hui remis en cause et bafoué. « Il n'est pas question de baisser les bras devant cette atteinte aux libertés », a déclaré un syndicaliste jaloux des acquis d'après-octobre 1988. Plusieurs rencontres entre syndicats ont eu lieu depuis l'annonce des décisions du dernier Conseil du gouvernement relatives au recours à la grève illimitée. Après la réunion des syndicats du secteur de la santé (SNPSSP, SNPSP, Syndicat des maîtres assistants, syndicats des professeurs et docents), le Comité national des libertés syndicales (CNLS), qui regroupe neuf syndicats des différents secteurs, s'est réuni mercredi soir - la deuxième réunion après les mises en garde du gouvernement - pour décider des actions à mener dans les prochains jours. Un meeting national social pour la défense des libertés syndicales sera organisé le 25 novembre prochain à Alger. Une campagne d'information et de sensibilisation nationale et internationale sera engagée. Le CNLS a retenu également le principe de lancer une pétition nationale contre les violations des libertés syndicales et des lois de la République. Dans une déclaration rendue publique hier, le CNLS, qui est en session ouverte, estime que la réaction du gouvernement face au mécontentement des travailleurs nie les droits fondamentaux inscrits dans les législations nationales et internationales. « Cela constitue une régression intolérable et un précédent grave quant au rôle d'intérêt public et de cohésion sociale », indique le CNLS. Pour le Comité, le recours systématique et abusif aux référés devant les tribunaux pour stopper des grèves déclenchées dans le respect des dispositions de la loi 90-02 relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et à l'exercice du droit de grève est une mesure répressive qui instrumentalise le pouvoir juridique. « Cette démarche soustrait les employeurs à l'obligation de se conformer aux lois sociales et aux conventions internationales et les encourage à déclencher des mesures coercitives contre les collectifs des travailleurs en lutte contre les représentants », relève le CNLS, en citant le cas du Syndicat national des officiers de la marine marchande (SNOMMAR). A propos du cas du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), le CNLS déplore que la même procédure judiciaire a été entamée pour stopper une grève légalement déclenchée. Selon le CNLS : « Cet assaut contre le droit de grève veut enfermer la lutte légitime des praticiens spécialistes de santé publique pour leur carrière dans le huis clos des tribunaux. En mettant à exécution ses menaces avec célérité, le gouvernement veut faire de la répression des praticiens un exemple pour l'ensemble des syndicats. » Devant cette évolution inquiétante, ajoute le CNLS, qui réduit considérablement l'exercice des libertés syndicales, violant l'esprit de la Constitution et des lois de la République, le Comité a décidé à l'unanimité d'aller vers une riposte ferme associant tous les syndicats qui rejettent l'abus de droit et l'arbitraire.