Les organisations autonomes comptent organiser prochainement une série d'actions, dont un sit-in devant une institution de la République. Il s'agit pour elles de dénoncer l'atteinte au droit de grève et la non-reconnaissance de leur statut. Les syndicats autonomes haussent le ton. Réunis, hier, à l'occasion des “états généraux des syndicats autonomes” coïncidant avec la journée internationale du travail au siège de la SNTE à Alger, ces syndicats ont arrêté le principe d'un sit-in devant “une institution de la république : la présidence de la république, la chefferie du gouvernement ou le ministère du travail.” C'est ce qu'a déclaré, hier, Tahar Besbès, le président du conseil national des libertés syndicales (CNLS), expliquant qu'il s'agit là d'une des recommandations des ateliers mis en place dans le cadre des états généraux. Les raisons du recours au sit-in sont multiples : “il s'agit d'une protestation pour dénoncer la remise en cause du droit de grève par le gouvernement, la non-reconnaissance des syndicats autonomes, les poursuites judiciaires contre les dirigeants des syndicats et l'ingérence de l'administration dans les affaires internes des syndicats autonomes.” Ce sit-in, dont la date sera arrêtée la semaine prochaine à l'occasion d'une réunion du conseil, a été adopté à l'unanimité par les syndicats composant le CNLS. Il s'agit du SNPSP, du SNPSSP, du Snapap, du Cla, du Cnapest, du Snommar, du SNTE, du SNTMA, du SPLA, du Satef. Des syndicalistes du Cnes ainsi que des membres du STE, syndicat d'entreprise affilié à l'UGTA ont, quant à eux, pris parts aux état généraux au titre d'observateurs. Le principe d'une grève générale a été également soumis à débat au sein des ateliers. Le Dr Besbès indiquera à cet égard que “le principe du débrayage généralisé n'a pas été adopté, mais soumis à débat seulement car plusieurs syndicats n'ont pas soumis la proposition à leurs bases respectives. Ce qui n'empêche pas que le principe de la grève générale est toujours en vigueur et sera effectif après concertation des syndicats avec leur base militante”. Intervenant, également, à l'ouverture des état généraux, le président du CNLS n'a pas manqué de mettre en garde le ministre du travail, Tayeb Louh, contre la remise en cause des acquis des travailleurs après sa décision de procéder à la révision du code du travail. “S'il est vrai que les lois sociales doivent être revues pour leur mise en conformité avec les exigences de l'heure, il est hors de question pour nous de revenir sur les acquis sociaux des travailleurs”, a martelé Tahar Besbès. Devant les cadres syndicaux, l'orateur avertira également contre la remise en cause de la loi 90-02 relative à la prévention et au règlement des conflits du travail et à l'exercice du droit syndical. “Que cette loi, dira-t-il, qui représente un acquis que beaucoup d'organisations syndicales mondiales nous envient, soit remise en cause constitue un net recul dans les luttes des travailleurs.” Dans le nouveau code du travail en gestation, “il ne faudrait pas favoriser la dépermanisation des travailleurs et la précarité de l'emploi qui feraient que le travailleur soit soumis au bon vouloir de l'employeur”, notera l'intervenant tout en précisant qu'avec “les réformes néolibérales à venir, la situation des travailleurs risque de se fragiliser davantage”. L'ingérence de l'administration dans les affaires internes des syndicats est également dénoncée par l'intervenant. “Nous déplorons l'interférence du ministère du travail dans les affaires strictement internes des syndicats allant jusqu'à subventionner des dissidences”, révélera M. Besbès. évoquant le pacte social, M. Besbès dira d'entrée que cette question n'est pas taboue pour les syndicats autonomes pour peu “qu'on sache avec qui et au détriment de qui il va se faire”. Il relèvera qu' “il est paradoxal de partir vers une tripartite où on reconnaît la pluralité patronale et non pas la pluralité syndicale”. Toujours est-il, “il ne peut y avoir de pacte social sans impact social, c'est-à-dire sans revalorisation des salaires, l'amélioration des conditions sociales des travailleurs et la stabilité de leur carrière”, indiquera le président du CNLS. La structuration du CNLS a été également abordée par les ateliers. “La création d'une confédération syndicale à partir du CNLS est en gestation”, révélera une source syndicale. Le président du RCD, le Dr Saïd Saïdi, n'a pas manqué pour sa part d'adresser un message de soutien et de solidarité aux syndicats autonomes à l'occasion de leurs états généraux. N. M.