Devant la tournure prise par les évènements et les derniers développements de la question du Sahara occidental, Abdelaziz Bouteflika est revenu, vendredi soir, à la charge en Afrique du Sud à l'occasion d'une session du Nepad. Rassurant, le chef de l'état cherchait apparemment à faire baisser la tension, car les Marocains, il faut le dire, ont joué la carte belliciste, faisant craindre à la communauté internationale la préparation d'une guerre par Alger. Mettant en avant l'intention de l'Algérie d'acquérir 80 Mig 29, Rabat a mené une campagne enflammée contre l'Algérie. De Johannesburg, Bouteflika s'est montré très rassurant. Réitérant la position de l'Algérie, en affirmant que c'était un problème mettant aux prises les Sahraouis et les Marocains, le chef de l'état a demandé à ses pairs du Nepad de proposer une solution à cette question, tout en insistant sur le fait que l'Algérie y adhérera. Mieux, il a coupé court à toutes les spéculations quant à l'éventualité d'un conflit armé entre les deux pays en déclarant que le conflit du Sahara occidental “n'est pas un casus belli entre l'Algérie et le Maroc”. Rappelant la guerre entre Alger et Rabat de 1963, il a affirmé que le seul vainqueur était la guerre, avant de répéter à trois reprises : “Il n'y aura jamais de guerre entre l'Algérie et le Maroc.” “Nous sommes des hommes de paix”, a insisté Bouteflika, qui a vivement souhaité une solution africaine au problème du Sahara occidental. Dans le même registre, le secrétaire général des Nations unies a estimé dans son rapport au conseil de sécurité que l'issue de cette question semblait plus éloignée que jamais. Selon Kofi Annan, “il n'existe pas d'accord quant aux mesures qui pourraient être prises pour surmonter l'impasse actuelle”. Il a également évoqué la possibilité d'une réduction de la force d'observation du cessez-le-feu de l'ONU en place sur le territoire sahraoui depuis 1991, date de la signature de l'accord entre le Front Polisario et le Maroc. L'entretien de cette force coûte à l'ONU 3,7 millions de dollars par mois, a précisé M. Annan. L'effectif pourrait être diminué de 16%, selon les experts, a-t-il ajouté. Il passerait de 230 à 193 soldats. De son côté, le sous-secrétaire d'état américain, William Burns, en visite au Maroc, a déclaré que Washington “soutient les efforts du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, et de son représentant personnel pour trouver une solution à cette question”. Le diplomate américain a précisé que les états-Unis “encouragent le Maroc et l'Algérie à promouvoir leurs relations pour créer une meilleure atmosphère au profit aussi bien des Marocains que des Algériens et de l'ensemble du Maghreb”. Burns a affirmé que son pays est “attaché à une solution politique au conflit du Sahara occidental et qu'il n'essayera pas d'imposer une telle solution”. K. A.