Le ministre des Finances maintient la hausse des prix du gasoil et de l'eau minérale contre l'avis des membres de la commission des finances. La majorité des membres de la commission des finances et du budget de l'APN menace de boycotter les prochaines séances de travail avec Abdelatif Benachenhou, s'il continue à ignorer leurs propositions sur le projet de loi de finances pour 2005. Selon de nombreux députés, que nous avons rencontrés hier au siège de l'Assemblée nationale, le ministre des Finances fait le forcing pour maintenir les dispositions contenues dans son projet, telles qu'il les a établies, sans prendre en compte l'avis de la quasi-totalité des membres de l'instance parlementaire. Ces derniers envisagent, de ce fait, de ne pas entériner, comme le veut la règle, un rapport préliminaire, comportant leurs propositions d'amendement au projet de loi de finances pour 2005. “Si la situation ne se débloque pas, nous soumettrons directement le projet de texte, tel qu'il a été conçu par le ministère des Finances, à la plénière, qui tranchera les dispositions litigieuses”, a certifié un député. La structure de l'APN s'est opposée à l'augmentation du prix à la pompe d'un litre de gasoil et du coût de l'eau minérale en bouteille, à raison de cinq dinars chacun. Le représentant du gouvernement a insisté sur la nécessité de revaloriser le prix du mazout, au motif que cela ne pénalisera pas tant le consommateur, mais permettra de diminuer l'utilisation d'un carburant polluant. Il a soutenu que moins de 1% des ménages utilise le fuel domestique pour le chauffage. Il a expliqué l'opportunité de vendre l'eau minérale plus chère, par l'impératif de réguler un marché gangrené par la fraude et les tromperies sur la marchandise. Les députés sont revenus à la charge en invoquant les conséquences de ces augmentations sur les consommateurs. Ils se sont particulièrement insurgés contre la hausse du prix de l'eau minérale. D'autant que la cagnotte, engrangée en conséquence, ne bénéficiera pas à l'APC, mais sera versée au Trésor public. À cours d'argument, le ministre des Finances a rétorqué : “Cessons de faire de l'assistanat au peuple.” Au bout de plusieurs heures de discussion, le président de la commission des finances, Tahar Khaoua, a suggéré de couper la poire en deux en consentant une augmentation de 2,5 dinars au prix du gasoil et de deux dinars à celui de la bouteille d'eau minérale. Sa proposition n'a pas fédéré, néanmoins, grand monde. Les députés sont restés sur leurs positions. Ils sont allés encore plus loin en accusant le ministre des Finances de vouloir faire endosser aux parlementaires une mesure qui sera irrémédiablement rejetée par les consommateurs. “Sinon, pourquoi n'est-t-il pas intervenu directement sur les prix, comme ce fut déjà le cas, il y a deux ans. Le prix de l'essence sans plomb a bien été augmenté sans recourir à l'approbation du Parlement”, nous a-t-on rappelé. Si les membres de la commission parlementaire sont parvenus à supprimer l'article portant instauration d'une TVA de 7% sur le prix à l'importation du médicament, ils ont échoué à invalider l'article 59 relatif à l'exercice, dans notre pays, des comptables, experts-comptables et commissaires aux comptes étrangers. Abdelatif Benachenhou a justifié l'intérêt de la mise en vigueur de cette disposition par le souci de répondre à une des exigences de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). S. H.