“Le Conseil des ministres, ayant entendu une communication du ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement, a adopté, conformément à la loi, la stratégie et le programme de privatisation”, c'est ce qui ressort du communiqué sanctionnant la réunion du Conseil qui s'est tenu mardi dernier. Bouteflika donne ainsi son feu vert à la mise en œuvre du programme de privatisation proposé par Temmar, malgré l'opposition clairement affichée de l'UGTA. “Les institutions concernées par la mise en œuvre de ce programme procéderont à une évaluation objective des conditions de sa réalisation qui devront se traduire, prioritairement, par le traitement des entreprises en difficulté”, ajoute le communiqué du Conseil des ministres. Le président de la République, dans son intervention, interpelle directement la Centrale syndicale et “I'invite à un débat serein, mais responsable, autour de ce dossier” dont la portée et les implications, soutient Bouteflika, “dépassent largement le cadre de l'entreprise publique pour embrasser le devenir de l'économie nationale dans sa globalité”. Le chef de l'Etat souligne “I'urgence et la nécessité de mettre en œuvre les réformes économiques”. Mais cette urgence et cette nécessité, pour Bouteflika comme pour calmer les ardeurs de l'UGTA, “ne doivent, en aucun cas, occulter la nécessité impérieuse de les formuler, d'abord, et de les conduire, ensuite, dans une démarche consensuelle”. Bouteflika reconnaît tout de même que seule “une démarche consensuelle est capable de garantir la réussite de ces réformes économiques”. Justement, c'est cette démarche consensuelle qui semble faire défaut. La rencontre entre le secrétaire de l'UGTA et le ministre de la Participation qui s'est tenue dernièrement à l'hôtel El-Aurassi, pour rappel, avait tourné court. Les deux hommes divergeaient même sur l'état de santé du secteur public. Pour Temmar, la situation “est catastrophique”. Du coup, la privatisation est présentée comme étant “la seule alternative” pour sauver les entreprises d'une faillite économique et juridique et les emplois. Alors que l'UGTA ne partageait pas cet avis. La Centrale syndicale avait même traité le ministre proche de Bouteflika “de tricheur” et s'en remet au Chef du gouvernement à qui elle a demandé une bipartite. Chaque jour, des communiqués des différentes fédérations de l'UGTA, rejetant le programme de privatisation, atterrissaient au niveau des rédactions des journaux, comme si la Centrale voulait par-là faire pression sur le Conseil des ministres. Des menaces d'une grève nationale au cas où le programme est adopté ont même été avancées. Aujourd'hui, l'UGTA s'est fixée sur le sort que Bouteflika a réservé aux propositions de son ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement. Bouteflika a donné son quitus pour la mise en branle de l'opération de privatisation. L'arbitre qu'attendait l'UGTA a tranché en faveur du ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement. Le président de la République, ne voulant pas se mettre sur le dos la Centrale syndicale, a usé, faut-il le souligner, d'un discours conciliant. En effet, tout en ayant avalisé la démarche de Temmar, il appelle l'UGTA à un dialogue “responsable et serein”. La Centrale syndicale qui a fait, ces dernières semaines, monter les enchères, ira-t-elle jusqu'au bout de sa logique. C'est-à-dire “bloquer le processus de privatisation” tel qu'il est proposé par le ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement et adopté par le Conseil des participations de l'Etat et le Conseil des ministres ? M. R.