Ce sera sans doute l'occasion du retour symbolique aux interventions conventionnelles des dates fériées. Répondant à l'invitation du ministère des Moudjahidine, le président Abdelaziz Bouteflika prononcera, aujourd'hui, en fin de matinée, au Club-des-Pins, un discours à l'occasion de la célébration du déclenchement de la Guerre de Libération. Une cérémonie grandiose est prévue au Palais des nations, en présence des membres du gouvernement, de hauts représentants de l'Etat, de responsables de la société civile et d'invités d'honneur. Il s'agira pour le chef de l'Etat de la seconde allocution en l'espace de cinq jours seulement ; mercredi, à l'Assemblée populaire nationale, répondant également à une invitation — de la Chambre basse qui rendait hommage à son ancien président Rabah Bitat, — il avait énoncé des phrases de profonde portée, égratignant les députés, condamnant le terrorisme — et ceux qui rechignent à le dénoncer—, tendant une nouvelle fois la main au royaume du Maroc. Depuis sa réélection, le 8 avril dernier, il n'a pas cessé d'intervenir, de discourir, exploitant toute bonne occasion pour aller dans le sens d'un programme adopté par ses alliés de la coalition, soutenu bec et ongles par son Chef du gouvernement et par l'équipe qu'il dirige. Diffusées systématiquement et intégralement par la Télévision nationale, ses interventions ont participé à renforcer son image, lui-même s'efforçant de plaire par sa façon un tantinet provocatrice de parler et d'identifier les problèmes. Abdelaziz Bouteflika revendique une réconciliation, la plus large possible, allant non seulement de Tébessa à Tamanrasset, mais aussi d'Alger à Rabat, de Nouakchott à Tripoli. Il veut une stabilité nationale et régionale afin d'amarrer le pays à l'économie mondiale de marché et de contribuer avec ses pairs maghrébins à relancer la région dans son giron méditerranéen. Aujourd'hui, devant les mines admiratives de nos chers dirigeants, il lancera de lancinantes allusions et de nécessaires vérités. Ce sera sans doute l'occasion d'un discours-programme, en tout cas d'un retour à la symbolique des interventions conventionnelles des dates fériées et des célébrations officielles. En juillet dernier, il s'était limité à des propos de circonstances, prononcés au ministère de la Défense, lors de la cérémonie annuelle de promotion des gradés de l'armée. Cette fois, il ne fera donc pas l'impasse, même si le moyen semble quelque peu détourné. Tôt ce matin, l'Etat se déplace au Palais des nations, exclusivement réservé, depuis l'arrivée de Bouteflika au pouvoir, en avril 1999, aux grandes manifestations, aux évènements. Il s'adressera, indirectement, à la nation comme mercredi dernier, d'autant que l'aubaine s'y prête allègrement. En célébrant le 1er Novembre 1954, les Algériens attendent, en la circonstance, une franche réconciliation avec leur Histoire. L'honorable assistance du Palais des nations va continuer à applaudir, pour perpétuer le cérémonial et enfoncer la mémoire. Tout le monde oubliera qu'il y a, au moins, plus de 10 000 faux moudjahidine dans la nature. Tout le monde, sauf les… vrais moudjahidine. L. B.