L'ovin reste hors de portée des bourses moyennes. L'approvisionnement du marché national en viande congelée a suscité un véritable soulagement au sein des esprits de nombreux pères de famille aux revenus moyens. L'idée d'autoriser l'importation de ce produit il y a plusieurs mois a été d'un grand apport. Cette mesure, on ne peut plus salutaire, a permis au simple citoyen de goûter un tant soit peu à la saveur de la viande, notamment durant le mois de ramadan. Un mois pendant lequel une personne musulmane a besoin de beaucoup de calories et de vitamines pour compenser l'énergie consommée après une journée de jeûne. La viande congelée a, certes, sauvé le consommateur mais aussi l'Etat qui n'arrive pas, il faut le dire, à maîtriser la flambée qui caractérise les prix à la veille de chaque mois sacré. Le recours à l'importation de viande réfrigérée (fraîche) est, dans le fond, une initiative louable. Cependant, dans la forme la mise en œuvre de l'opération n'a pas enregistré les résultats escomptés. Quand bien même elle est rare sur le marché, mais elle a le mérite, soutiennent les experts, d'empêcher une hausse des prix de la viande locale ces derniers jours. Ils parlent de tassement des tarifs autour de 500 DA le kilogramme. Si ce n'est la rétention de la viande locale et l'intervention des intermédiaires à tous les maillons de la chaîne, estiment les observateurs, la viande locale aurait couvert tous les besoins nationaux et les prix auraient été abordables. C'est le premier ramadan, commentent-ils toutefois, où il n'y a pas eu d'augmentation vertigineuse des prix. Les importations effectuées jusque-là ont concerné essentiellement le bovin. Quelques petites quantités d'ovins ont été, en revanche, introduites en Algérie. La viande de mouton n'a pas été suffisamment importée car elle reste trop chère pour les opérateurs économiques. En termes plus clairs, la production ovine en Europe n'est pas importante. L'Union européenne (UE) ne subventionne donc pas les exportations de l'ovin comme elle le fait pour le bovin. En effet, pour chaque kilogramme de bovin exporté, l'exportateur bénéficie d'une restitution (subvention). À titre d'exemple, s'il exporte le kg à 4 euros, l'UE, pour doper ses exportations, lui restitue 1 euro. Ainsi, il exporte sa marchandise à 3 euros. Or, la viande de mouton est estimée à 500 DA le kg sortie de chez les grossistes. Les quelques opérateurs qui en ont importé, la propose aux bouchers qui la commercialisent à 600 DA. L'une des solutions que proposent les experts à cette problématique est que l'Algérie doit s'inscrire dans un système d'exportation légal et transparent. Mais encore faut-il que le trafic qui se fait annuellement à travers nos frontières soit éradiqué définitivement. Il faut que le marché national, ajoutent-ils, soit ouvert parce que mêmes les pays plus gros producteurs de viande exportent et importent aussi. Aux Etats-Unis, pour ne citer que cet exemple, plus de 50 % de la viande consommée dans les fast-foods, proviennent du Brésil et d'Argentine. Pourtant, les USA exportent chaque année jusqu'à 4 milliards de dollars US. Il faut dire aussi qu'aux USA la consommation des viandes rouge et blanche est évaluée à 100 kg/habitant/an. Cette statistique se situe entre 80 et 90 kg/habitant/an en Europe. En Algérie, pour rappel, la consommation est de 11 kg/habitant/an pour la viande rouge. Elle est de 8 kg/habitant/an pour la viande blanche. Toutefois, les besoins réels de consommation augmentent suivant les niveaux de vie du citoyen et son pouvoir d'achat. Mieux, si les prix de viande sont à la portée du commun des mortels, la consommation ne peut être qu'importante. Cet objectif est attendu surtout pour l'après-ramadan avec les arrivages réguliers à l'avenir de la viande fraîche sur les étals. B. K.