Quinze opérateurs dominent le marché de l'importation de ce produit de large consommation très prisé au cours du mois de Ramadhan. Il existe une rude concurrence sur le marché de la viande après que les pouvoirs publics eurent ouvert cette activité aux opérateurs pour importer à partir de plusieurs régions du monde. Une trentaine d'importateurs spécialisés activent dans ce créneau. Les uns importent de la viande congelée, les autres de la viande fraîche réfrigérée. Une quinzaine parmi ces importateurs ont pignon sur rue. Ils disposent de beaucoup d'informations dans le domaine, semblent travailler selon les standards internationaux puisqu'ils disposent d'une logistique adéquate. Les opérations effectuées récemment par ces importateurs ont boosté l'offre qui demeure largement suffisante par rapport à la demande. La production annuelle en viandes rouges est évaluée à 637 350 tonnes en 2005. La disponibilité en viande ovine en 2005 est de l'ordre de 185 850 tonnes, alors que le cheptel bovin est de 451 500 tonnes. Globalement, le cheptel, c'est-à-dire les bêtes destinées à l'abattage, est de 9,240 millions têtes dont 7,4 millions de têtes d'ovins et 1,8 million de têtes de bovins. L'appoint est constitué par l'importation dont les quantités achetées en forte progression pousse les prix à la baisse. À cet égard, le marché de la viande congelée a pris le dessus sur celui de la viande fraîche réfrigérée. La viande congelée est entrée définitivement dans les mœurs des consommateurs algériens. Ils l'ont adoptée. Selon M. Batouche, patron du groupe qui porte le même nom, seul opérateur qui dispose d'un abattoir moderne en Algérie, les consommateurs algériens ont appris comment décongeler et préparer cette viande. Une quantité importante de viande congelée de qualité douteuse échappe au contrôle Les prix, précisera-t-il, font la différence entre les deux. Il s'agit, ajoute-t-il, d'une différence de près de 40% qui fait basculer le marché en faveur de la viande congelée. Ce, qui par conséquent, décourage les opérateurs et freine quelque part les importations de la viande fraîche. Constat établi d'ailleurs durant la première quinzaine du mois de Ramadhan. La présence de quelques importateurs non professionnels, à vrai dire occasionnels, a provoqué quelques perturbations sur le marché notamment en ce qui concerne la qualité de la viande importée. Ayant affaire à des importateurs occasionnels et non à de véritables professionnels, les fournisseurs en viandes livrent parfois de la marchandise de moins bonne qualité. Rien que pour les 15 premiers jours du mois sacré, la Direction du commerce (DC) a procédé à la saisie de quelque 250 kilogrammes de viandes, dont 60% rouges à travers tout le territoire de la wilaya. La viande a été saisie pour défaut d'estampillage. Sur certains cas, la viande saisie était impropre à la consommation. À Oran, il s'agit d'une saisie de 7 000 kilogrammes de viande congelée impropre à la consommation. La DC d'Alger a saisi plus de 400 kilogrammes en 2004. Sur le plan national, les saisies opérées sur toutes les importations annuelles sont estimées à moins de 2%, confie un responsable du secteur. Ce qui constitue un chiffre important quand on sait qu'une bonne partie échappe au contrôle. Ainsi des milliers de tonnes de viande congelée impropre à la consommation ou de qualité douteuse, sur des quantités importées dépassant 100 000 tonnes, sont commercialisées annuellement mises sur le marché particulièrement au cours du Ramadhan, menaçant ainsi la santé de la population. Ainsi, les infractions ont essentiellement trait à la rupture de la chaîne de froid, au non-respect des procédures telles que le mélange entre les différents types de viandes (poisson avec bœuf…) ainsi que la date de péremption. N'importe qui peut s'improviser importateur de viande en Algérie. On ne demande pas de diplôme ni d'expérience. Les pouvoirs publics sont de nouveau interpellés sur cette anarchie sur la marché. Les consommateurs dans cette situation n'ont d'autre remède que la prudence. Mais faut-il qu'un drame collectif survienne pour que les pouvoirs publics interviennent ! Les responsables concernés doivent aussi réguler le marché en fixant à l'avance les quantités de viandes à importer pour une certaine période. Ces quantités à importer seront ainsi l'œuvre de quelques importateurs à qui on aura délivré des dérogations. Le reste des opérateurs attendront une autre période, c'est-à-dire une fois que la demande s'est exprimée sur le marché. Toutefois, la réorganisation du marché à travers une meilleure régulation, le professionnalisme des opérateurs, la dotation des services de contrôle en moyens suffisants et adéquats constituent autant de facteurs à même de développer une véritable filière viandes en Algérie. À titre d'exemple, les experts parlent ainsi de possibilité à l'avenir d'exportation d'agneau algérien labellisé pour l'importation de viandes de bœuf. Pour cela, le marché doit rester ouvert. Badreddine K.