RESUMé : La discussion tourne autour de leur histoire respective. Mouloud dit beaucoup de bien de sa femme. Il fait des remarques sur elle et Boualem. Elle ne lui cache pas le fond de ses pensées. Toutefois, elle cache à son mari d'avoir vu son ami même si elle sait qu'il l'apprendra un jour. Toutefois, Nabila ne s'inquiète pas. Elle lui dira avoir oublié au cas où il lui demanderait. Et puis, elle n'y pensera plus. Elle voulait appeler chez ses parents mais la ligne était toujours occupée. Alors, lorsque Boualem rentre de son travail, le soir même ils se rendent au village. Elle a deviné qu'il se passait des choses. Son grand-père est à l'origine des appels. Il veut la voir. Lorsqu'elle le voit alité, elle regrette de ne pas être venue depuis quelques jours. Le médecin du village vient juste de partir après avoir vérifié sa tension artérielle. Au cours de la journée, il a eu une hypertension et toute la famille a craint le pire. Même si elle est devenue normale après la prise de médicaments, Nabila est morte d'inquiétude. Elle prend sa main et la serre fort. Il y a longtemps que cela n'est pas arrivé. En fait, depuis son mariage avec Boualem, ils ne sont plus aussi proches qu'avant. Hadj Tahar détourne les yeux, Nabila a pu y lire des reproches. Elle le comprend, elle lui a désobéi et même si elle n'est pas malheureuse, il lui en veut encore de ne pas l'avoir écouté. - Grand-père, je t'en prie, regarde-moi. - Où étais-tu ? - J'étais sortie à Tizi, répond-elle. J'avais des choses à faire. Tu as essayé de me joindre ? - Si je comptais tant à tes yeux, tu aurais senti que je n'allais pas bien, lui dit-il, visiblement tout aussi peiné qu'elle par leur manque de contact. J'aurais pu mourir. - Dieu merci, ce n'est pas le cas et je ne souhaite pas voir ce jour arriver avant longtemps, longtemps, murmure-t-elle. Tu sais combien je t'aime. - Mais tu ne m'as pas écouté, lui reproche-t-il une nouvelle fois. Je voulais te voir, seule. Le vieil homme a un regard méprisant pour ce gendre qu'il n'accepte toujours pas. Boualem, mal à l'aise, sort, vite rejoint par sa belle-mère et ses belles-sœurs. Heureusement qu'avec elles, le contact passe très bien. Nabila ne fait aucune remarque. Il est vieux, fragilisé par l'hypertension et, surtout, il a le droit de dire ce qu'il veut. Elle attend qu'il reprenne son souffle. Elle devine que ce qu'il a à lui dire est très important. - J'ignore quand mais un jour, je serai rappelé à Dieu, dit-il. C'est le lot commun de tous. - Grand-père… Mais elle se tait lorsqu'il lève le doigt. Il poursuit : - Je ne serai plus là pour veiller sur la famille. Je te demande de rentrer vivre ici, après. Ta mère et tes sœurs auront besoin de toi aussi, je veux que tu les encourages toutes à poursuivre leurs études si l'une d'elles ne réussit pas, je compte sur toi pour faire ce que j'ai fait avec toi. Lance-les dans les affaires, peu importe. Ce qui compte à mes yeux, c'est qu'elles s'en sortent toutes. - Je te promets de prendre soin d'elles. - Mais dis-moi, toi, comment vas-tu ? lui demande-t-il. - Bien, répond-elle. - Cela ne durera pas longtemps, lui dit-il. Tu n'es pas faite pour lui. Il est indigne de toi. - Grand-père… - Promets-moi de ne pas rester avec lui si les choses prennent une mauvaise tournure ! Je ne te vois pas finir ta vie avec. Tu as mal choisi. Tu auras tout le temps pour t'en rendre compte, poursuit-il. Tu regretteras de ne pas m'avoir écouté. - Grand-père, tout va bien, soupire-t-elle. Pourquoi ne veux-tu pas me croire ? - Parce que je te connais et je sens qu'aujourd'hui, tu es différente. Pourquoi ? Je l'ignore, mais toi, tu dois savoir au fond de ton cœur. Tu as fait l'erreur de te marier avec ; je t'en prie, n'en fais pas d'autres qui pourrait signer ton arrêt de mort ! Nabila trouve toujours qu'il exagère mais elle ne veut pas le contrarier. Elle n'insiste pas et ne se défend pas. Elle ne parle plus de Boualem et de son mariage. Cependant, elle ne comprend pas pourquoi il est persuadé que cela finira mal. Au contraire, elle mène tout en main de maître. Il aurait dû être rassuré… A. K.