RéSUMé : Boualem se doute bien que hadj Tahar profitera de son absence pour monter sa femme contre lui. Le vieil homme voudrait savoir bon nombre de choses sur sa vie. Il la met en garde, doutant toujours de l'amour de Boualem. Il est persuadé qu'il est seulement intéressé par son compte en banque. Nabila regrette de ne pas pouvoir convaincre son grand-père de la sincérité de son mari. Sachant que quoi qu'elle puisse lui dire sur lui ne le lavera pas de ses soupçons. Elle souhaite une bonne nuit à son grand-père et s'en va se coucher dans sa chambre. Même s'il l'a énervée par moments, elle n'en a rien montré et maintenant qu'elle est seule, elle éprouve le besoin de parIer à quelqu'un. Elle se rend au salon et ferme la porte à clef. Elle compose plusieurs numéros et coupe avant que la connexion ne se fasse. Elle a un numéro en tête et elle hésite longtemps avant de le composer. Elle tente de se raisonner, se disant qu'il est très tard et que son appel ne soit pas la bienvenue mais l'envie est très forte. Elle compose le numéro et lorsqu'elle entend la sonnerie à l'autre bout de la ligne, elle espère ne pas tomber sur la femme de Mouloud. Elle ne veut pas tomber sur sa femme. Elle n'a aucune envie de l'entendre. Le “aIlô” qui lui parvient la fait soupirer de soulagement. C'est Mouloud qui a décroché. Sa voix est pleine de sommeil. - C'est moi, Mouloud, dit-elle. - Nabila ? Qu'y a-t-il ? Il est arrivé quelque chose ? demande-t-il maintenant réveillé. Boualem n'est pas rentré ? - Si, enfin, dit-elle, tout va bien, la rassure-t-elle. Je ne suis pas bien. J'ai besoin de parIer à quelqu'un. - Ça ne peut pas attendre demain ? - Non, j'ai besoin de parIer, insiste-t-elle. S'il te plaît. - Ce n'est pas possible maintenant, répond Mouloud. Demain, si tu veux, on se voit. - Je voulais me confier à toi et tu m'envoies balader ! s'écrie-t-elle. J'ai été bête de croire que tu m'écouterais. Elle raccroche, très déçue. Plusieurs minutes passent avant que la sonnerie ne la fasse sursauter. Mouloud a rappelé. Il la trouve en larmes. - Je m'excuse, dit-il. Je ne voulais pas te fâcher. On ne peut pas discuter maintenant. Ma femme est réveillée. Tu comprends ? - Oui. - Si tu veux, propose-t-il, on ira déjeuner ensemble. - Quand ? - Tu m'appelles à la bijouterie quand tu veux. Boualem n'est pas avec toi ? l'interroge-t-il. - Il passe la nuit chez ses parents, lui confie-t-elle. Je te raconterai plus tard pourquoi il ne reste jamais dormir chez les miens. Je n'en peux plus de cette tension. - Demain, l'interrompt Mouloud. Essaie de dormir. Bonne nuit. Cette fois, Nabila est apaisée. Elle raccroche, heureuse de savoir qu'ils se verront le lendemain. Même si elle ne ressent plus autant de déception, elle ne parvient pas à trouver le sommeil. Elle n'est pas surprise d'entendre Boualem sonner à la porte d'entrée alors qu'il est à peine sept heures du matin. C'est elle qui va lui ouvrir. Il remarque qu'elle n'est pas prête à partir avec lui. - Tu ne viens pas ? - Non. Mon grand-père a besoin de moi. Je te rejoindrai cet après-midi, dit-elle. - Il a passé une bonne nuit ? Ne me dis pas que son état s'est aggravé ! réplique Boualem. - Non, le rassure-t-elle. Mais ma présence lui fait le plus grand bien. Tu comprends ? - Et moi ? Qu'est ce que je vais devenir ? l'interroge-t-il. - C'est juste pour quelques heures, rétorque-t-elle en faisant mine de se fâcher. Mon grand-père a déjà un pied dans la tombe, lui rappelle-t-elle, alors que toi et moi, on a toute la vie devant nous ! Enfin, peut-être, ajoute-t-elle en son for intérieur. Qui sait ? Peut-être que grand-père est plus cIairvoyant que moi ? (À suivre) A. K.