Si Yasser Arafat n'a pas désigné son successeur, l'opération de son remplacement s'est déroulée dans la sérénité et le calme absolu, ont noté les observateurs. Contre toute attente, les dirigeants palestiniens ont réglé la question de la succession en un temps record et sans le moindre problème. Sitôt le décès de Yasser Arafat rendu officiellement public, le Conseil législatif palestinien s'est réuni en présence de tous les dirigeants palestiniens jeudi matin pour combler la vacance du pouvoir. Conformément à la Constitution palestinienne, M. Rawhi Fattouh, le président de l'instance législative palestinienne devient président de l'Autorité palestinienne pour une durée de soixante jours. Il prête aussitôt serment devant les députés palestiniens et prend ses fonctions. C'était là la première étape de la succession de Yasser Arafat, qui venait d'être concrétisée. Il fallait alors passer à la question la plus brûlante et relative à la présidence de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), dont l'heureux élu avait toutes les chances de présider l'Autorité palestinienne, une fois la période d'intérim achevée. C'est dire que la bataille s'annonçait cruciale entre les différents prétendants, comme le laissaient croire les spécialistes de la question palestinienne. Il n'en fut rien en fin de compte. Ce point a également été réglé sans la moindre difficulté, à en croire le déroulement de la procédure de désignation. En effet, l'élection organisée avec la participation des exilés membres de l'OLP, à l'image de Farouk Kaddoumi, qui a voté par téléphone, a abouti à l'intronisation de Mahmoud Abbas à la tête de l'organisation qui regroupe la majeure partie des mouvements palestiniens, à l'exception des islamistes. Il s'agit là de l'aboutissement logique de la carrière d'Abou Mazen, surnommé jusque-là “l'éternel second” de Yasser Arafat. Dans le même ordre d'idées, le Fatah, que présidait Abou Ammar depuis sa création en 1959, est confié à Farouk Kaddoumi, le chef du département politique de l'OLP. Ainsi, la crainte d'assister à une guerre de succession s'est rapidement dissipée avec la mise en œuvre des mécanismes existants dans la loi fondamentale palestinienne pour la présidence de l'Autorité palestinienne et par consensus en ce qui concerne les mouvements de lutte contre l'occupation israélienne. Cette réussite constitue une véritable démonstration de maturité des dirigeants palestiniens à la face du monde et, surtout, leur prestance à assumer leurs responsabilités dans le cadre d'un règlement juste du conflit qui les oppose à Israël. L'Etat hébreu est mis, plus que jamais, au pied du mur pour remplir sa part du contrat pour la création d'un Etat palestinien, conformément aux dispositions de la feuille de route du Quartette international. K. A.