Après deux semaines d'agonie, dont une marquée par une incroyable danse macabre le tuant et le ressuscitant, Yasser Arafat est décédé jeudi à l'hôpital Percy de Clamart où il avait été admis le 29 octobre dernier après une altération générale de son état de santé. Survenue à 3h 30, la mort a été annoncée aux responsables de l'Autorité palestinienne qui l'ont rendue publique peu après 5h par la voix du secrétaire général de la présidence palestinienne, Tayeb Abderrahim. Autour de l'hôpital parisien où veillaient encore quelques irréductibles sympathisants en compagnie des médias du monde entier, les journalistes ont été alertés par une soudaine agitation. Vers 4h, cinq berlines noires escortées de deux motards ont fait irruption dans l'hôpital. Signe d'une importante nouvelle, des projecteurs sont installés. De même qu'une sonorisation qui permettra au médecin-général, Christian Estripeau, responsable de la communication au service de la santé des armées, de lire vers 5h 15 le communiqué confirmant la terrible information déjà connue dans les territoires palestiniens que le “Vieux Lion” ne reverra plus jamais. “La direction palestinienne annonce avec regret au peuple palestinien, à la nation arabe, à toute l'humanité, le décès du guide, du dirigeant, du fils de la Palestine, de son symbole”, a déclaré, avant l'aube de Ramallah en Cisjordanie, le secrétaire de la présidence, Tayeb Abderrahim, les larmes aux yeux. “M. Yasser Arafat, président de l'Autorité palestinienne, est décédé à l'hôpital d'instruction des armées Percy, à Clamart, le 11 novembre 2004, à 3h 30”, a confirmé, de son côté, Christian Estripeau. Aucune précision n'a été donnée sur les causes du décès qui restent un mystère. “Nous respectons le souci de confidentialité de la famille qui, si elle le souhaite, pourra avoir la communication du dossier médical et donner les informations qu'elle souhaitera”, s'est excusé le médecin général. Officiellement, il a été hospitalisé pour des complications d'une grippe intestinale. Les hypothèses d'un cancer, d'une leucémie ou d'un empoisonnement se sont succédé pendant son hospitalisation, mais ont été démenties par son entourage. Lors de son hospitalisation, le président palestinien avait bénéficié d'une transfusion de plaquettes visant à compenser les anomalies hématologiques. Lorsque le dirigeant a sombré dans le coma, les médecins ont tout de suite conclu à un cas “irréversible” même si son épouse s'est obstinée à dissimuler la vérité pour des raisons encore difficiles à établir. Les rites funéraires ont commencé peu après un dernier hommage rendu à 12h 07 par le président Jacques Chirac à l'emblématique dirigeant. Le président français qui s'est recueilli pendant une vingtaine de minutes a présenté ses condoléances en embrassant Souha Arafat ainsi que la déléguée générale de Palestine à Paris, Leïla Chahid. Il a déclaré que la France continuerait à “agir inlassablement pour la paix et la sécurité au Proche-Orient”. La dépouille mortelle a ensuite été transférée à bord d'un hélicoptère militaire à la base aérienne militaire de Villacoublay, à l'ouest de Paris, où s'est déroulée une brève cérémonie présidée par le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin. La fanfare d'un détachement de la Garde républicaine a joué les hymnes français et palestinien et la sonnerie aux morts. L'hommage est digne d'un chef d'Etat. Le cercueil recouvert du drapeau palestinien vert, rouge, noir et blanc, a été placé à bord d'un avion officiel français qui a décollé à 16h 35 GMT à destination du Caire. La veuve d'Arafat, Souha, et le ministre palestinien des Affaires étrangères, Nabil Chaâth, étaient à bord. L'Airbus transportant le cercueil a été suivi, quelques minutes plus tard, de l'avion officiel du ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, qui a représenté Paris aux obsèques dans la capitale égyptienne. La fin sordide que menaçait de prendre la mort d'Arafat avec la surprenante attitude de son épouse et les déballages liés à une supposée fortune s'est finalement estompée. Y. K.