RESUME : Nabila est bien inquiète. Rentrée du déjeuner, elle a tenté de joindre Boualem. Il n'a pas travaillé. Personne ne l'a vu. En début de soirée, Mouloud l'appelle pour lui apprendre qu'il est chez lui. Intriguée, elle décide d'aller à Tizi-Ouzou pour en avoir le cœur net... Si elle s'en tient aux dires de Mouloud, elle ne devrait pas se faire de souci. Son sentiment de soulagement a été bien bref. Nabila, en route pour Tizi-Ouzou, a de nouveau I'estomac noué. Elle est sûre et certaine que leur ami lui a menti. Elle veut en connaître la raison. Il est près de vingt-deux heures lorsqu'elle parvient à destination. Elle appelle Mouloud pour le prévenir de son arrivée. Il est surpris. — Mais tu es folle de venir en pleine nuit… Tu aurais pu tomber sur un faux barrage…Tu aurais pu mourir ! — Dieu merci, je suis arrivée saine et sauve, répond-elle. J'ai besoin d'aide pour me rendre chez toi. Mouloud la renseigne. Le temps qu'elle arrive à sa ruelle, il descend pour l'y attendre. Nabila remarque sa mine hostile. Sa visite le contrarie. Elle le sent. — Pourquoi tu fais cette tête ? lui demande-t-elle. —Tu as pris des risques en venant à cette heure. Ne t'avise pas de recommencer ! l'avise-t-il sans sourciller. — Qu'est-ce qu'il y a ? On ne rentre pas ? Tu as des choses à me dire ici ? l'interroge-t-elle, intriguée. — Non, tu n'aurais pas dû venir. — Qu'est-ce que tu veux me cacher ? l'interroge Nabila en le précédant à l'intérieur de la cour. — Rien… enfin ! Boualem… — Il n'est pas ici ? — Si. Mouloud est mal à l'aise. Nabila ne l'écoute plus et se dirige vers l'entrée de la villa dont la porte est restée ouverte. Mouloud la rejoint en traînant la savate. Imène l'accueille avec un petit sourire. — Boualem est dans la chambre, lui dit elle en lui désignant une porte au fond du couloir. Nabila s'y rend et dès qu'elle l'ouvre, elle est frappée par une odeur de vomi. Boualem a vomi à même le soI. L'odeur qui s'en dégage lui donne le vertige. Elle est ramenée à son enfance. Elle a en horreur cette odeur qui n'a jamais quitté son père, lui collant à la peau. La jeune femme sent le sol se dérober sous ses pieds. Elle s'accroche au cadre de la porte, espérant y puiser un peu de force. Elle est sous le choc. Pas un seul instant, elle ne s'est imaginée qu'il puisse passer la journée à s'enivrer. — Il est ivre, murmure-t-elle. — Qu'est-ce que ça peut te faire ? lui rétorque Boualem. Je fais ce que je veux ! — Pourquoi tiens-tu à me faire de la peine ? Tu sais que j'ai en horreur, l'alcool. — ça ne te gênait pas quand c'était ton père. Boualem s'arrête pas. Il a de nouveau un haut-le-cœur qui lui arrache un cri. Nabila ne peut pas supporter. Elle sort et tire la porte derrière elle. Elle ne s'en est pas rendu compte mais elle pleure. Quand elle voit de la désolation dans le regard de Mouloud, elle comprend maintenant pourquoi il tenait tant à garder Boualem jusqu'au lendemain, le temps de dessoûler. — Je ne voulais pas que tu le vois comme ça, dit-il. Je t'en veux d'être venue. — Ne t'en fais pas, je regrette d'être venue, rétorque la jeune femme en s'essuyant les larmes. Figure-toi que j'avais des pulsions meurtrières à l'idée de le savoir avec quelqu'un. Maintenant, je regrette presque qu'il n'ait pas préféré, à la bouteille, une passade ! — Tu exagères ! Et puis, ce n'est pas si grave. C'est la première fois que cela lui arrive, lui rappelle Mouloud. ll était bouleversé et en colère. Il faut le comprendre. Nabila a envie de lui crier qu'elle est aussi bouleversée et en colère que lui. Mais les cris ne peuvent rien y changer. Toute sa vie est bouleversée par ce qu'elle a découvert ce soir. Plus rien ne sera comme avant... (À suivre) A. K.