RESUME : Intriguée, Nabila prend la route et se rend à Tizi Ouzou. Mouloud est mal à l'aise en la voyant. Ce qu'elle découvre la bouleverse. Boualem est ivre mort. L'odeur lui rappelle bien des souvenirs douloureux. Sa vie ne sera plus comme avant... Nabila est à bout. Elle aurait tout supporté sauf que son mari se mette à boire de l'alcooI. Si au moindre problème il allait se réconforter dans un bar, leur mariage ne tiendrait pas longtemps. Elle s'imagine mal finir sa vie avec lui alors qu'il a décidé de n'en faire qu'à sa tête. Elle aurait supporté qu'ils s'accrochent et se disent encore des méchancetés. Elle n'aurait eu aucune peine à se réconcilier avec lui mais, maintenant, furieuse, elle se demande si elle le laissera revenir à la maison. Car la vision de Boualem en train de vomir lui a rappelé son père. Enfant, elle l'a souvent vu vomir. Avec le temps, son estomac s'est habitué. ll peut boire autant de litres d'alcooI qu'il veut, il n'en souffre plus. Elle refuse d'avoir la même vie que sa mère. Ivre, son père s'en est souvent pris à elle. Aujourd'hui encore, il lui arrive de trouver sa mère avec des marques sur les bras ou au cou. — Non, ça ne m'arrivera pas ! Toute la nuit, elle ne cessera de penser au tournant qu'a pris sa vie depuis qu'elle a découvert que Boualem aussi peut boire jusqu'à l'ivresse. Elle est encore toute remuée au petit matin. Elle n'a pas la force de sortir. Elle est bien heureuse d'entendre son portable sonner. Mouloud veut avoir de ses nouvelles. ll s'est fait du souci pour elle. Sous le choc de la déception et de la colère, elle était rentrée. Elle n'ignorait pas le danger de conduire la nuit. Elle aurait pu faire un accident ou, pire, tomber sur un groupe armé. Mouloud et sa femme ont tenté de la retenir en la raisonnant mais la voix de la colère a été la plus forte. Malgré tout, elle est rentrée. Elle ne voulait pas que les autres voient sa faiblesse. Personne n'a vu ses larmes jusqu'à hier soir... — Tu vas mieux ? demande Mouloud. — Je n'en sais rien, répond-elle. Je me sens vide… C'est étrange, jamais je n'aurais cru que le malheur frapperait à ma porte. — Tu fais d'un rien toute une montagne… C'est la première fois, tu devrais être plus indulgente avec ton mari, lui conseille leur ami. ll regrette... Il jure de ne plus recommencer… — J'ai du mal à le croire, soupire Nabila. il m'a tellement déçue que je ne pourrais jamais lui pardonner… C'est terrible ce qu'il a fait ! — Boualem regrette, insiste Mouloud. ll est en route pour la maison. Je voudrais que tu fasses un effort, la prie-t-il. C'est ton mari. Ne lui ferme pas la porte au nez. — Ce sera difficile, mais je te promets de le laisser entrer. Boualem arrive après le coup de fil de Mouloud. Nabila, toujours en colère, l'accueille froidement. Son mari a encore la gueule de bois, il se fait du café. ll en a déjà pris avec Mouloud, mais il n'a pas encore toute sa tête. lIs ne se disent rien. Installée dans un fauteuil, Nabila le regarde prendre place en face d'elle. Visiblement, il a des choses à lui dire. — Tu m'en veux ? lui demande-t-il. — Non, je suis folle de joie, rétorque-t-elle. J'avais passé la journée à me demander où tu te trouvais ! Si j'avais su que tu avais un penchant pour l'alcool, je n'aurais pas alerté nos familles et nos amis, je serais aIlée te chercher au bar ! — Je ne voulais pas. Ce devait être la colère, dit-il pour excuser son acte. La prochaine fois, je gueulerais, je montrerais ma colère en cassant tout ce qu'il y a sur mon chemin mais plus jamais, je ne boirais ! J'ai honte ! — Et moi, je ne suis pas prête d'oublier ce qui s'est passé hier soir... Même si elle ne le lui dit pas, c'est pardonné. Toutefois, et comme jamais, elle allait garder un œil sur lui. Elle regrette qu'il ne soit pas plus fort moralement. Dans leur mariage, comme dans tous les couples, il y aura des hauts et des bas. Comment résistera-t-il si, lui, craque à la moindre querelle ? Elle se le demande... (À suivre) A. K.