Durant la journée de l'Aïd, la capitale de l'Est était une ville quasi morte. L'animation de la cité était réduite, comparée à celle des jours de fête. C'est chez eux ou, au plus, dans les cages d'escalier, que les enfants de la cité ont célébré les festivités de la fin du jeûne. Au centre ville, comme au Khroub ou encore sur la route de la Corniche et de Menia, la circulation était presque impossible à cause des affaissements et autres inondations. Côté calamités, le risque a failli venir, cette fois-ci, non pas de la Vieille-Ville, mais des cités périphériques. En effet, avec le déclenchement du dispositif plan Orsec, toute l'attention a été focalisée sur la cité Salem dans le quartier de Chaâbet Ersas, appelée aussi Bessif — par référence aux conditions dans lesquelles il a pris naissance —, menacée par la crue de l' oued qui la traverse. Hier, en fin de journée, quelque 400 habitants étaient toujours dehors après avoir quitté dans la précipitation leur demeure durant la nuit de samedi dernier. Ainsi, c'était dimanche, aux environs de 2 heures du matin, que les premières infiltrations des eaux ont commencé par inonder les habitations de la cité suite à la crue de l'oued. Assistés par les éléments de la Protection civile et de la Gendarmerie nationale, les habitants, au nombre de 100, dans un sauve-qui-peut, ont fui leur domicile pour passer le reste de la nuit et celle de dimanche à lundi dehors. Dimanche, les bambins de la cité, épaulés par leurs parents, ont fêté à leur manière le jour de l'Aïd en organisant une protestation qui a failli tourner à l'émeute, n'était la sagesse de certaines personnes. Ils demandaient à ce que leur cas soit pris en charge par les autorités locales absentes, selon leurs dires, des lieux du drame. Cette prise en charge a trait, dans un premier temps, au relogement provisoire et à l'approvisionnement en nourriture et en couvertures, et dans un deuxième temps, au relogement décent et définitif des familles sinistrées. Pour rappel, la cité Bessif, comme son nom l'indique, a pris naissance durant la deuxième moitié des années 80 et ce, malgré l'opposition des démembrements de l'Etat parce que le site ne réunissait pas, entre autres, les conditions de sécurité de rigueur. Une opposition qui a été formelle à l'époque à cause de la déliquescence d'un Etat fragilisé aussi bien par la corruption rongeant son corps que par la connexion du populisme et de subventions intégristes. Hier, au moment où nous mettions sous presse, les habitants de la cité Bessif tout en accusant les autorités locales de non-assistance à personnes en danger, s'apprêtaient à passer leur troisième nuit dehors ; la circulation automobile dans la ville est toujours difficile et l'alerte est toujours de mise. M. K.