Le président par intérim de l'autorité palestinienne se déclare prêt à annuler les élections, si Israël n'autorise pas ses compatriotes de Jérusalem-est à voter. Un bras de fer entre les deux parties en perspective. “Il n'y aura pas d'élections, si les Palestiniens de Jérusalem-est ne peuvent pas prendre part au vote”, a lancé le successeur intérimaire du défunt Yasser Arafat, Raouhi Fattouh, en direction de Tel-Aviv. Israël refuse d'entendre parler de cette question, du moins pour l'instant. Si le gouvernement d'Ariel Sharon ne modifie pas sa position, c'est un véritable bras de fer qu'engageront les deux parties. Il appartient à la communauté internationale de faire pression sur l'Etat hébreu afin de régler cette question, qui risque de bloquer davantage le processus de paix suffisamment retardée jusque-là par les Israéliens, qui n'ont eu cesse de recourir aux subterfuges pour empêcher la création d'un Etat palestinien. Conscient de l'importance des relations américano-israéliennes, le président de l'autorité palestinienne n'a pas manqué d'appeler les Etats-Unis “à user de leur influence sur Israël afin de permettre la tenue d'élections libres”. Son appel était également destiné à l'Union européenne, dont la position est désormais plus favorable au peuple palestinien. Du côté israélien, c'est le silence radio. L'on se milite jusque-là au niet émis par le ministre des affaires étrangères, Sylvan Shalom. Il y a lieu de souligner, cependant, que ce point épineux ne sera tranché catégoriquement que par le cabinet d'Ariel Sharon lors d'une de ses prochaines réunions, parce qu'il ne s'est pas encore officiellement prononcé. Ce sujet fera probablement l'objet d'un vote des membres du gouvernement, comme ce fut le cas pour le plan de séparation unilatéral de la bande de Gaza. C'est du moins ce qu'a laissé entendre, sous couvert de l'anonymat, un des conseillers du premier ministre israélien. Pour rappel, lors de l'élection présidentielle de 1996, qui avait consacré Yasser Arafat, les Palestiniens de Jérusalem-est n'ont pas été autorisés à participer au scrutin par Israël. Ceci étant, la sortie médiatique de Raouhi Fattouh est loin d'être fortuite, car elle ne peut que traduire la position de la nouvelle direction palestinienne. La menace pourrait être mise à exécution, si jamais Tel-Aviv persistait dans son refus. Selon les observateurs du conflit du Proche-Orient, l'hésitation des Israéliens à accéder à cette requête résiderait dans leur crainte de voir la participation des Palestiniens de Jérusalem-est à l'élection présidentielle, devenir un argument de plus entre les mains des Palestiniens dans leur revendication visant à récupérer cette partie de la ville de Jérusalem. De toutes les manières, la revendication des Palestiniens est invariable sur le sujet depuis la naissance des premiers mouvements de libération, il y a de cela plus d'un demi-siècle. K. A