Alors que la campagne électorale pour la présidence de la République bat son plein, le terrorisme a, encore une fois, fait parler de lui à Nébeur, ville située dans la région du Kef, proche de la frontière tuniso-algérienne. Les soldats, en permission et non armés, voyageaient à bord d'un autobus entre les villes du Kef et Jendouba quand ils ont été surpris, dans un virage, par un groupe de terroristes qui a tiré, à bout portant sur les occupants du véhicule. Quatre soldats ont été tués sur le coup. On a déploré, aussi, onze blessés dont un a succombé à ses blessures. Un grand renfort composé d'unités des forces de sécurité et de l'armée a été dépêché sur les lieux pour procéder au ratissage de la zone et à la traque des terroristes. La malchance semble poursuivre les militaires puisque cinq soldats ont été blessés dont un, grièvement, suite à un accident anodin survenu entre leur véhicule et un autobus de transport public. C'était dans la ville de Kasserine. La cible était l'armée. Et pour cause. L'armée a assuré, en grande partie, la sécurité des élections en prenant en charge le transport de toute la matière électorale. Ainsi, selon les observateurs, c'est l'opération électorale dans sa globalité qui est visée comme l'indique la découverte, deux jours avant les législatives de l'opération de "Chabaw" dans la banlieue de la capitale. Aujourd'hui que la Tunisie vit à l'heure du scrutin présidentiel, le terrorisme dont l'objectif est de perturber, voire arrêter le processus électoral, vise, non seulement, des militaires, mais surtout des candidats à la présidentielle. Car assassiner un candidat, c'est, selon la loi, suspendre, purement et simplement, les élections pour perpétuer le climat d'instabilité dans lequel les terroristes peuvent se mouvoir à leur guise. Cependant, une question revient depuis mercredi soir dans la bouche des citoyens. Comment les terroristes ont pu s'informer, avec précision, de l'heure du passage de l'autobus transportant des militaires désarmés ? Une question qui attend et mérite réponse, estiment les observateurs. Des accusations directes citent, nommément, des résidus des ligues de protection de la révolution dissoutes, il y a quelques mois. Un nouveau chantier qui s'ouvre pour découvrir les éléments qui apportent leur soutien aux terroristes. En réaction à cette opération, tous les partis politiques et les militants de la société civile ont, rapidement, condamné ces assassinats. Dans la ville du Kef, une imposante manifestation a été organisée. Les participants ont exprimé leur condamnation du terrorisme et leur soutien à l'armée et aux forces de sécurité. Toujours, en relation avec cette affaire, six extrémistes religieux ont été appréhendés, mercredi soir, dans une des mosquées de la ville de Tinja (gouvernorat de Bizerte) pour avoir fêté ces assassinats et pour incitation au meurtre. Cette opération a, également, suscité une réaction du ministère de la Défense nationale qui a prié la presse d'éviter la publication des photos des victimes par respect à leurs parents et au moral des forces armées. M. K.