De plain-pied, la Tunisie est entrée dans une phase active de lutte contre le terrorisme, qui menace la stabilité politique, retrouvée, du pays. Des mesures sécuritaires draconiennes sont annoncées par les responsables tunisiens à moins de trois mois d'élections générales qui doivent déterminer l'avenir politique du pays. La situation est grave, selon le ministère de l'Intérieur qui a annoncé, vendredi, avoir arrêté au moins 8 terroristes, à Sidi Bouzid, dans le centre du pays, une région pauvre d'où est partie la révolution de Jasmin'. Un communiqué du ministère tunisien de l'Intérieur a annoncé, vendredi, que les forces de sécurité ont arrêté, à Sidi Bouzid, 8 terroristes, qui étaient en mission de repérage de cibles d'attaques (sites à attaquer et personnes à abattre). « Ces suspects sont chargés, également, de l'appui matériel et logistique, du transport d'armes et du stockage des matières explosives destinés aux groupes terroristes, retranchés dans les montagnes», ajoute le ministère tunisien. Une tonne d'ammonitrate, un véhicule tout terrain, deux voitures, des ordinateurs, des téléphones portables, un fusil de chasse, des cartouches de calibre 16mm et des batteries électriques, ont été saisies. Par ailleurs, le ministre tunisien de l'Intérieur, Lotfi Benjeddou, a confirmé, vendredi, à l'issue d'une réunion du Conseil national de sécurité, le verrouillage sécuritaire des frontières avec l'Algérie et la Libye. Il a, ainsi, annoncé que la Tunisie a déployé sur le tracé frontalier avec l'Algérie, des forces armées combinées, dans le cadre de la gestion et la lutte contre le terrorisme. « Il existe, actuellement, des menaces terroristes » sur les prochaines élections générales, prévues avant la fin de l'année 2014, a-t-il dit. Le ministre tunisien de l'Intérieur a expliqué, vendredi, lors d'une conférence de presse, à l'issue de la réunion du Conseil national de sécurité, qu'il a été mis en place une coordination sécuritaire, entre les forces armées, la Gendarmerie et les services de Sécurité, dans le gouvernorat de Kasserine, et la même opération est en cours de réalisation dans les gouvernorats de Jendouba et du Kef, près des frontières avec l'Algérie. Ces forces de sécurité combinées seront « prêtes » à faire face à toute attaque terroriste, a-t-il dit. Il a, indiqué, par ailleurs, que les services de sécurité tunisiens ont mis en échec plusieurs « opérations terroristes dangereuses ». La plus spectaculaire est l'arrestation d'un groupe terroriste, à Sidi Bouzid, et la saisie d'un important armement de guerre, dont des RP7 (lance-roquettes) et près d'une tonne de produits servant à la confection d'explosifs. L'annonce de ce tour de vis, dans la gestion sécuritaire du pays, coïncide avec des rumeurs rapportées par les médias tunisiens, sur une attaque terroriste de la caserne militaire de Kasserine, une région où les forces de sécurité tunisiennes font face à la présence d'importants groupes terroristes d'Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi) sur le mont Chaambi. Une information que le porte-parole du ministère de la Défense tunisien, le lieutenant-Colonel Belhassan Oueslati avait démentie, vendredi soir. « Les informations relayées par nombre de médias, sur un assaut terroriste, contre la caserne militaire de Kasserine sont dépourvues de tout fondement », a-t-il affirmé. Il a, également, indiqué que l'armée tunisienne a lancé, dans la même soirée de vendredi soir, une opération militaire sur les hauteurs du mont Chaambi et Semama. En fait, le gros de la lutte antiterroriste en Tunisie se situe sur le long tracé frontalier, proche de l'Algérie, ce qui constitue une autre menace directe pour ce dernier pays. L'Algérie, face à ce danger omniprésent, dont le trafic d'armes de guerre et le transit de 'djihadistes'' venus de Syrie, a déjà, de son côté verrouillé ses frontières, autant avec la Tunisie qu'avec la Libye. Car, outre le quadrillage des zones frontalières par des brigades de garde-frontières de la Gendarmerie nationale (GGF), Alger a décidé de déployer, tout le long du tracé frontalier, avec la Tunisie et la Libye 14.000 soldats, alors que la Tunisie a déployé de son côté 6.000 soldats ayant rejoint ceux algériens pour sécuriser les frontières entre les deux pays. Plus que jamais, la sécurité de la Tunisie reste menacée à un moment où le pays se prépare à des prochaines élections générales, dont celle pour désigner un successeur à Moncef Merzouki, et un nouveau chef de gouvernement, pour conforter la stabilité politique du pays.