Résumé : Avant de prendre congé, Halima conseille à Taos d'être un peu plus libre dans ses pensées pour caser sa fille... Non loin du quartier, Athmane dépose Wassila devant un salon de coiffure... Ce n'était pas trop tôt pour son amie Feriel qui l'avait remplacée... Wassila tente de se justifier... Athmane l'avait emmenée dans un endroit féerique, et elle avait oublié ses rendez-vous. Feriel donne un dernier coup de pinceau sur les joues de sa cliente, puis penche un peu la tête pour admirer son travail. -Vous êtes très belle madame, lance-t-elle en s'adressant à sa cliente. Cette dernière se relève un peu pour admirer son reflet dans le miroir, puis sourit satisfaite : -Merci... Vous avez fait un très bon boulot. -Si vous êtes contente, je le suis encore plus... Attendez un peu... Elle prend une brosse et un séchoir pour discipliner une mèche rebelle qui se baladait sur son front. Un nuage de laque scelle enfin la retouche finale, et la mariée est enfin prête à entamer sa soirée. Feriel revint vers Wassila : -Alors tu t'es bien amusée ? La jeune femme fait la moue avant de répondre : -Hum... Si on veut... -Mais tu viens de me dire que Athmane t'a emmenée dans un lieu féerique... -Oui... Nous avons pris des glaces, puis nous avons marché longtemps au bord de la mer... -Et ensuite ? -Ensuite quoi ? -Il n'a pas parlé mariage ? Wassila soupire : -C'est plutôt moi qui avait entamé le sujet, mais comme à ses habitudes, Athmane réussit toujours à trouver une échappatoire. Feriel secoue la tête : -Jusqu'à quand vas-tu vivre clandestinement cette relation ? Athmane est marié et ne pense qu'à sa famille... Tu ne représentes pas grand-chose pour lui, si ce n'est quelques moments d'évasion. Wassila prend un air triste... -Ne me dis pas ça Feriel... -Pourquoi ? La vérité te fait mal, n'est-ce pas ? -Quelle vérité ? Athmane m'aime et veut m'épouser... Il attend juste le moment propice... -Oui... Il attend que sa femme découvre le pot aux roses... Wassila allait riposter, mais une cliente se présente et demande un brushing. Feriel ôte sa blouse, et Wassila s'empresse de la remplacer. Avant de quitter les lieux, Feriel lui lance d'une petite voix : -Nous rediscuterons de tout ça plus tard... Wassila se met à essuyer les cheveux de sa cliente avant de s'emparer des pinces et de procéder au partage des mèches. Elle repense à ce que venait de lui dire son amie, et sentit son sang affluer vers ses tempes. Ce n'est pas qu'elle doutait de l'amour de Athmane, mais quelque part Feriel avait vu juste. Il ne voulait pas faire le pas, car il était déjà enchaîné à une femme. Elle déplace une pince, puis tire une mèche et se met à la sécher, alors que son esprit continuait sur sa lancée. Elle ne voulait certes pas détruire un foyer, mais la religion permettait tout de même aux hommes d'être polygames. Elle accepterait volontiers d'être la seconde femme de Athmane, même si elle devait vivre dans l'ombre d'une autre. Ce qu'elle refusait par contre, c'est de se savoir la roue de secours de ce dernier, alors que son ménage battait de l'aile. Elle savait qu'entre lui et Khadidja, ce n'était pas le grand amour, mais après tout, ils étaient mariés et avaient deux enfants... Wassila continuait de coiffer sa cliente, alors que des idées noires se bousculaient dans sa tête. Elle allait sur ses quarante années, et bientôt elle va perdre la fraîcheur de sa jeunesse et sa beauté. Elle n'était pas de celles qui s'empressaient à s'accrocher au premier venu, et avait toujours cru qu'avec de la patience elle finira par tomber sur un bon parti... Oh ! Elle ne demandait pas beaucoup. Juste un compagnon pour affronter sa solitude. Un homme qui l'aimerait telle qu'elle est, et avec qui elle pourra envisager un avenir un peu moins monotone. Athmane était un homme accompli. Instruit, assez aisé, avec des idées ouvertes sur l'avenir. L'aimait-il ? Peut-être... Mais pas assez pour franchir le pas et l'épouser. Elle éprouvait pourtant pour lui un profond sentiment. Et rien qu'à l'idée de le quitter un jour, son cœur frémissait. Elle avait terminé de coiffer sa cliente, et donne un dernier coup de peigne pour remettre quelques boucles en place. -Je mets quelques gouttes d'huile sur les pointes madame... -Heu... Non... Je ne préfère pas... Mes cheveux sont gras de nature... Mais si vous avez du sérum, je ne dirais pas non. (À suivre) Y. H.