Pour ce spécialiste, le cas des touristes arrêtés dimanche dernier n'est pas isolé. Il appelle les pouvoirs publics à plus de vigilance. “Nous sommes contents de constater que toute la presse en parle”, s'est réjoui Sid-Ahmed Kerzabi, vice-président de l'Association des amis du Tassili, au sujet des cinq pillards allemands arrêtés à la frontière algéro-nigérienne en possession de pièces archéologiques protégées. De prime abord, le représentant de cette association n'a pas manqué de préciser que la majorité des touristes qui visitent cette région sont des aventuriers sponsorisés par des personnes dont le but est de collectionner les objets ayant souvent une valeur inestimable. “Il arrive aussi que des visiteurs mus par une curiosité innée ramassent des pierres et même une poignée de sable ignorant tout des règles qui régissent les lieux”, dira M. Kerzabi qui explique que toute pièce ramassée de quelque nature que ce soit reste interdite, et que seuls les spécialistes de l'Office national de la protection du Tassilli (ONPT) peuvent se prononcer sur sa valeur. Pour lui, l'arrestation des ressortissants allemands est un non-événement dans la mesure où les histoires de pillage ne datent pas d'aujourd'hui. “Il est vrai que la presse a bien fait de surdimensionner le fait ne serait-ce que pour attirer encore une fois l'attention des autorités sur ce que nous pouvons appeler un phénomène. Nous avons des renseignements via internet que ces pillards sont chargés par des tiers pour ramasser quelques pièces moyennant un voyage de rêve.” Tout en lançant un appel aux autorités pour redoubler de vigilance sur le pillage commis parfois en massacrant la nature, le vice-président de l'association avoue que le travail des services chargés de la surveillance des lieux n'est pas une mince affaire devant l'immensité d'un territoire aussi grand que la France. Les techniques de ramassage ont évolué avec le temps. Pour preuve, on explique que les pillards sont orientés sur les sites convoités, ce qui d'ailleurs motive le refus de ces derniers de passer par des agences de voyages. “Il faudrait un système de surveillance très développé”, dira Mme Ginette Aumassip, archéologue et membre de l'association qui a eu à diriger des fouilles durant dix ans dans le Tassili. Cependant, il y a lieu de savoir que la mission de l'association ne se limite pas à la sensibilisation. L'intervention sur le terrain est du ressort de l'ONPT qui a la charge de contrôler les 15 plateaux du Tassili, dont le plus riche en pièces archéologiques est l'Azejjer ainsi que le parc Ahaggar qui couvre à lui seul un territoire de plus de 400 000 km2. Parallèlement, l'Association des amis du Tassili fait un travail colossal en direction de la population locale. M. Kerzabi, l'un des pionniers à soulever le problème de la protection du Parc du Tassili, parle d'un certain nombre de projets pour aider la population de cette région, notamment dans la résorption de l'habitat précaire, la scolarité des enfants, assurer le cursus universitaire aux élèves ayant terminé avec succès le cycle secondaire… en plus des projets relatifs à l'environnement (plantation d'arbres), à la culture (promotion de l'imzad comme instrument emblématique de la région), des programmes Pnud, etc. A. F.